Est-il le plus grand skieur de l'histoire? Son palmarès hors norme l'impose. Mais il semble avoir manqué à l'Autrichien le souffle épique et le grain de folie de certains de ses grands prédécesseurs, comme les têtes brûlées Herman "Herminator" Maier et Bode Miller.
Né le 2 mars 1989 à Annaberg-Lungötz (Etat de Salzbourg), Marcel Hirscher chausse les skis dès ses deux ans dans la station voisine d'Abtenau, au nord des Alpes autrichiennes, près de la frontière allemande.
Ses parents sont tous les deux professeurs de ski: sa mère, néerlandaise, mais aussi son père Ferdinand et sa touffue moustache blanche, devenu une figure publique en Autriche à force d'accompagner son fils sur toutes les courses.
Le petit Hirscher se fond rapidement dans le moule autrichien du ski de compétition: début de l'entraînement intensif à 10 ans, poursuivi en sport-études au lycée hôtelier de Bad Hofgastein en rêvant de suivre les traces de son idole Benjamin Raich (vainqueur du gros globe en 2006), spécialiste comme lui des épreuves techniques (slalom et géant).
'L'équivalent de Federer en Suisse'
Avec son premier gros globe de cristal en 2012 (il en gagnera huit consécutifs), Hirscher touche à la consécration et devient le roi du ski au pays du ski roi: il est sacré cinq fois sportif de l'année (2012 puis de 2015 à 2018), obtenant un statut de star dans cet Etat alpin où toutes les courses sont retransmises à la télévision publique.
"Notre principale priorité est clairement Marcel Hirscher", explique à l'AFP le journaliste du quotidien autrichien Kronen Zeitung Alex Hofstetter. "Il est l'équivalent de Roger Federer en Suisse. Le suivre, c'est un travail à temps plein."
Hirscher le discret semble peu goûter son statut de rock star: lorsqu'il se rend au cinéma, il attend que le film démarre pour se faufiler dans les rangs du fond noyés dans la pénombre et repart avant la fin de la séance.
Implacable, il enchaîne les victoires et avec elles les conférences de presse obligatoires, rarement passionantes, où il rabâche à l'assemblée certains de ses gimmicks: "je me retournerai sur ma carrière quand je serai à la retraite, dans mon fauteuil avec un bon verre de vin rouge" par exemple, lorsqu'il est interrogé sur de possibles nouveaux records.
Poli et distant, il évite les déclarations tapageuses et loue le bon temps passé en famille. Il s'est marié avec Laura à l'été 2018 avant la naissance de son fils quelques mois plus tard.
Autre habitude, entre coup de bluff ou véritable introspection, il fait part de son spleen, répétant à l'envie qu'il ne ferait pas de vieux os sur le circuit Coupe du monde.
"J'en suis arrivé à me demander si je devais refaire une saison ou raccrocher", déclare-t-il ainsi dès 2014, à 25 ans, assurant qu'il était sûr d'une chose, c'est qu'il ne disputerait pas les Jeux de Pyeongchang quatre ans plus tard. Il y gagnera ses deux titres olympiques.
Hélicoptère et jet privé
Le brun chatain, regard bleu acier au gabarit modeste (1,73 m, 75 kg) préfère s'exprimer sur la piste, où il est capable d'écraser ses rivaux comme sur le géant de Garmisch (Allemagne) en mars 2015, où son dauphin Félix Neureuther termine avec 3 sec 28 de retard, un gouffre dans ce sport qui se joue au centième de seconde.
Skieur spectaculaire au style explosif, loué pour son incomparable toucher de neige, son travail XXL en salle de gym et ses réflexes, qu'il exerce aussi à moto, Hirscher a bâti un véritable empire autour de son talent.
Entouré et grassement rémunéré par plusieurs sponsors d'envergure (boisson énergisante, banque, voitures...), il se déplace souvent en hélicoptère ou en jet privé, pour éviter les longues heures de route à travers les vallées des Alpes que subissent ses concurrents. Il ne s'entraîne pas avec l'équipe d'Autriche et organise ses propres conférences de presse.
Passé maître dans l'art de développer et de choisir -jusqu'à la dernière seconde- son matériel de course, Hirscher se rend aux Jeux de Pyeongchang avec 92 paires de ski, contre une quinzaine pour la plupart de ses concurrents.
"Marcel Hirscher? Il a tout. Il est fort physiquement et mentalement", complimente un autre homme de peu de mots, le Suédois Ingemar Stenmark, qui détient l'un des rares records qui ont échappé à l'Autrichien (86 victoires en Coupe du monde entre 1974 et 1989).
"Même s'il fait une mauvaise première manche, il peut toujours revenir en seconde. Et s'il fait une mauvaise course, ça ne le stresse pas. Il revient plus fort à celle d'après. Je n'aurais eu aucune chance contre lui."
rg-tba-phs-sp/cha/mca
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