Après avoir rencontré le président, Sergio Mattarella, le Premier ministre Giuseppe Conte, reconduit à son poste, a annoncé la composition de son nouveau gouvernement, formé de sept femmes et quatorze hommes.
Le poste stratégique de ministre de l'Economie et des Finances a été confié à l'actuel président de la commission des Affaires économiques au Parlement européen Roberto Gualtieri, un membre éminent du Parti démocrate (PD, social-démocrate)).
L'Italie, la troisième puissance de la zone euro, très endettée (132% du PIB) et au bord de la récession, doit trouver des fonds pour éviter une hausse de la TVA l'an prochain.
Rome a aussi entretenu des relations difficiles avec Bruxelles ces derniers mois et évité de justesse une procédure d'infraction pour déficit public excessif. M. Gualtieri sera aux avant-postes pour tenter d'obtenir un adoucissement des règles communautaires.
Jusqu'ici vice-Premier ministre et ministre du Développement économique, le chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S) Luigi Di Maio décroche le prestigieux portefeuille des Affaires étrangères.
Un poste en forme de lot de consolation car il s'était montré déterminé ces derniers jours à conserver son poste de numéro deux du gouvernement.
Une femme, l'ex-préfète de Milan, Luciana Lamorgese, a été choisie pour la délicate tâche de succéder à la tête du ministère de l'Intérieur au chef de la Ligue (extrême droite), le souverainiste Matteo Salvini, qui pendant les 14 mois de coalition avec les Cinq Etoiles a considérablement durci la politique de l'Italie pour limiter les flux migratoires et contre les ONG qui les aident.
"Fort d'un programme orienté vers l'avenir, nous consacrerons nos meilleures énergies, nos compétences et notre passion à rendre l'Italie meilleure dans l'intérêt de tous les citoyens", a brièvement déclaré M. Conte.
Equilibre
Il s'est attaché à former une équipe respectant l'équilibre entre les deux forces politiques, qui s'étaient jusqu'ici toujours combattues.
Le juriste de 55 ans, qui s'était lui-même qualifié d'"avocat du peuple" en prenant en juin 2018 les rênes de son premier gouvernement, a nommé un autre poids lourd du Parti démocrate, Lorenzo Guerini, au ministère de la Défense.
Il a désigné Paola De Micheli aux fonctions de ministre des Infrastructures et des Transports et une autre femme, Nuncia Catalfo, au Travail, cette dernière y succédant à Luigi Di Maio.
Autre homme fort du Parti démocrate, un temps pressenti pour être le vice-Premier ministre de Giuseppe Conte, Dario Franceschini retrouve le portefeuille de la Culture qu'il avait eu entre 2014 et 2018, sous les gouvernements de centre gauche dirigés par Matteo Renzi, puis Paolo Gentiloni.
Les Cinq Etoiles conservent certains ministères qu'il détenaient dans l'équipe sortante, comme la Justice (Alfonso Bonafede), l'Environnement (Sergio Costa) et le Développement économique (Stefano Patuanelli).
Les investisseurs saluaient mercredi la naissance de ce nouveau gouvernement.
A mi-journée, avant l'annonce officielle de sa composition, le spread (écart entre le taux de la dette italienne à 10 ans et le taux allemand) reculait à 146 points, un seuil très bas, en net recul par rapport aux 158 de mardi soir, qui était déjà le minimum atteint depuis mai 2018, soit avant l'arrivée de la coalition populiste.
Le gouvernement Conte 2, né après la rupture le 8 août par Matteo Salvini d'une instable alliance avec le M5S, prêtera serment jeudi à 08H00 (06H00 GMT) au Palais du Quirinal, le siège de la présidence de la République.
Il devra par la suite, dans les tout prochains jours, également obtenir la confiance des deux chambres du parlement avant de prendre ses fonctions.
Selon des projections, la nouvelle coalition pourrait disposer de 167 élus au Sénat (sur 315) et de 347 à la Chambre des députés (sur 630), soit de la majorité absolue dans chacune de ces deux assemblées.
Pour élargir sa base parlementaire, Giuseppe Conte a impliqué le petit parti de gauche Liberi e Uguali (LEU - Libres et égaux) dont l'un des dirigeants, Roberto Speranza, prend le portefeuille de la Santé.
"C'est un gouvernement né sur la peur de lâcher son fauteuil, sans dignité, sans idéal", a dénoncé M. Salvini, déjà parti en campagne pour essayer de le faire tomber avant la fin de la législature au printemps 2023.
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