Jugeant que cette initiative avait peu de chance d'aboutir avant la date butoir fixée par Téhéran, M. Rohani a déclaré en conseil des ministres que les "détails" de la "troisième phase" de la stratégie iranienne de réduction de ces engagements seraient annoncés mercredi ou jeudi.
Cette nouvelle phase sera "extrêmement importante" et ses effets seront "remarquables", a-t-il dit sans plus de précisions.
Le 7 juillet, Téhéran avait donné "60 jours", soit jusqu'au 5 septembre, aux Etats parties à l'accord international sur le nucléaire iranien pour l'aider à contourner les sanctions américaines qui paralysent son économie, sous peine de le voir s'affranchir encore davantage de certaines de ses obligations.
Conclu à Vienne en juillet 2015, cet accord est menacé de voler en éclats depuis que les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement en mai 2018.
Depuis lors, le gouvernement de Donald Trump mène une campagne de "pression maximale" contre Téhéran, rétablissant en août 2018 des sanctions économiques que Washington ne cesse d'intensifier.
La tension entre les deux pays - qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980 et dont les dirigeants se vouent mutuellement aux gémonies - a failli tourner à l'affrontement militaire direct en juin.
15 milliards de dollars
Elle reste très forte dans le Golfe, où les Etats-Unis entretiennent une importante présence militaire alors que l'Iran se pose en gardien historique et naturel de ce bras de mer hautement stratégique pour l'approvisionnement mondial en pétrole.
L'accord de Vienne a offert à l'Iran la levée d'une partie des sanctions internationales qui l'isolaient depuis des années en échange d'une limitation drastique de son programme nucléaire destinée à rendre impossible l'acquisition de l'arme atomique par Téhéran.
Le retour des sanctions américaines a plongé l'économie iranienne dans une violente récession et prive Téhéran des retombées attendues de l'accord, conclu avec le groupe dit 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) et validé par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Selon Téhéran, le désengagement progressif décidé par l'Iran sur certains points de l'accord, n'a d'autre but que de forcer les autres parties à respecter pleinement leurs engagements.
Les mesures prises depuis mai - augmentation des stocks d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l'accord de Vienne, enrichissement de ce minerai à un niveau prohibé par ce texte (plus de 3,67%) - sont facilement réversibles répète régulièrement Téhéran et peuvent être annulées du jour au lendemain.
Avant que M. Rohani ne parle en conseil des ministres, son vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi avait indiqué à la presse iranienne que Téhéran était prêt à revenir à une mise en oeuvre totale de l'accord de Vienne en échange d'une ligne de crédit d'environ 15 milliards de dollars actuellement négociée avec les Européens.
"Mauvais signal"
M. Rohani a fait état de progrès dans ces négociations. "Si nous avions vingt points de contentieux par le passé, nous n'en avons plus que trois aujourd'hui", mais pas encore d'"accord définitif"
M. Araghchi, qui était lundi à Paris, a jugé lui aussi peu probable une percée rapide.
Mardi, le président iranien avait déclaré que l'Iran restait prêt à discuter avec ses partenaires même en cas de mise en oeuvre de sa "troisième phase".
Mais Paris, qui est à la pointe des efforts diplomatiques en cours, a averti le même jour que l'Iran enverrait "clairement un mauvais signal" en se déliant encore un peu plus de l'accord de Vienne.
L'Iran, qui voit ses clients traditionnels tourner le dos à son pétrole par crainte de représailles américaines, réclame aux Européens des mesures lui permettant d'exporter son brut.
Selon une source diplomatique française, le montant de 15 milliards de dollars mentionné par M. Araghchi correspond à environ un tiers des exportations iraniennes d'hydrocarbure en 2017, et les fonds avancés grâce à la ligne de crédit en cours de négociation seraient remboursés via des ventes futures de pétrole.
Mais pour que cette facilité de financement puisse voir le jour, il faut d'abord que les Etats-Unis acceptent de desserrer leur étau, notamment en allégeant leurs sanctions contre les ventes de pétrole iraniennes.
D'après une source diplomatique française, le ministre de l'Economie français Bruno Le Maire s'est rendu mardi à Washington pour voir quelles concessions les Européens pouvaient obtenir du gouvernement Trump sur ce point.
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