Cette décision, qui constitue une reculade rare de la part du gouvernement pro-Pékin, pourrait cependant ne pas suffire à contenter des manifestants qui ont au fil de l'été élargi leurs revendications, pour dénoncer l'érosion des libertés et les ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de sa région semi-autonome.
"Le gouvernement retirera officiellement le projet de loi afin d'apaiser complètement les inquiétudes de la population", a déclaré Mme Lam dans une vidéo diffusée par ses services.
L'ex-colonie britannique traverse depuis début juin sa crise politique la plus grave depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes, et notamment des manifestations monstres, qui ont parfois dégénéré en graves violences.
Le retrait du projet de loi sur les extraditions -dont les manifestants redoutaient qu'il ne place la ville à la merci d'une justice chinoise politisée- est une des cinq demandes clés du mouvement.
L'idée que Mme Lam puisse annoncer l'abandon définitif du texte, dont l'examen avait été suspendu après les premières manifestations, avait été annoncée en début d'après-midi par plusieurs médias hongkongais, puis confirmée par un député qui avait rencontré la cheffe de l'exécutif.
"Pas assez, trop tard"
Ces informations, et l'espoir d'un apaisement dans la crise qui secoue le grand centre financier qu'est Hong Kong, ont fait bondir la Bourse locale, qui a clôturé sur une hausse de près de 3,90%, alors qu'elle avait cédé plus de 10% depuis juin.
Mais il n'est pas sûr que cette concession suffise à apaiser des manifestants qui demandent beaucoup plus.
"Pas assez, trop tard", a déclaré Joshua Wong, qui fut en 2014 le visage du "Mouvement des parapluies" et qui a été arrêté brièvement la semaine dernière dans le cadre d'un coup de filet contre les grandes figures de la mobilisation actuelle.
"Nous appelons aussi le monde à prendre garde à cette tactique et à ne pas se laisser tromper par Hong Kong et le gouvernement chinois. Ils n'ont en fait rien concédé, et une répression de grande échelle se prépare."
Des commentaires furieux sont aussitôt apparus sur les différents forums utilisés par le mouvement pro-démocratie, soulignant notamment qu'un retrait du projet de loi ne mettait pas fin aux protestations.
"Plus de 1.000 personnes ont été arrêtées, un nombre incalculable blessées", indiquait notamment un message largement diffusé sur l'application de messagerie Telegram, avant d'ajouter: "Cinq exigences majeures, pas une de moins. Libérez HK, la révolution maintenant".
Les manifestants demandent notamment l'introduction du suffrage universel et l'ouverture d'une enquête indépendante sur l'usage de la force par la police.
Pékin calme le jeu
En attendant, les valeurs ont fortement progressé à la Bourse de Hong Kong sur l'espoir d'une amélioration de la situation dans l'ex-colonie britannique, dont l'économie commence à ressentir les effets de la crise, qui s'ajoutent à ceux de la guerre commerciale sino-américaine.
Un des grands gagnants de la séance a notamment été le titre de la compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific, rappelée à l'ordre en août par Pékin en raison du soutien apporté par certains employés à la mobilisation.
Son action s'est ainsi envolée de 7,21%, alors que dans le même temps son président John Slosar a annoncé sa démission.
De son côté, Pékin avait semblé mardi vouloir calmer le jeu. Le porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, Yang Guang, avait assuré que le habitants de l'île "y compris les jeunes étudiants", avaient le droit de manifester "pacifiquement".
Mme Lam concentre actuellement la colère des manifestants en raison notamment de la froideur qu'elle a affiché ces trois derniers mois.
Et mardi, lors d'une conférence de presse, elle a affirmé n'avoir aucune intention de démissionner, après la fuite d'un enregistrement audio qui donnait l'impression d'une volonté contraire.
Dans ce dernier, elle disait vouloir quitter son poste et n'avoir qu'une marge de manoeuvre "très limitée" pour régler la crise.
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