"Le prix au mètre carré des appartements parisiens (...) approchera 10.200 euros en septembre 2019, dépassant ainsi largement la barre des 10.000 euros", annonçaient fin juillet les notaires franciliens, dans une note repérée la semaine dernière par le Monde.
Ce sont les notaires qui, de concert avec l'Insee, établissent les chiffres de référence sur l'immobilier ancien français. Ils donneront ce jeudi leur bilan trimestriel.
Celui-ci concernera le second trimestre, au cours duquel les prix parisiens n'ont probablement pas passé le seuil des 10.000 euros. Mais c'est sur la base de leurs contrats préparatoires que les notaires - distinctement de l'Insee - pensent que ce seuil a été passé cet été.
Quelle que soit la date précise, l'évolution de fond est incontestable: les prix des logements parisiens connaissent depuis des années une flambée sans commune mesure avec le reste du territoire.
Il y a dix ans, selon les chiffres des notaires, le mètre carré parisien se vendait à peine plus de 6.000 euros: malgré une pause lors de la première moitié des années 2010, son prix a donc flambé de 66% tandis que, sur toute l'Île-de-France, la progression était bien inférieure à 50%.
Quant au reste des grandes villes françaises, si le marché immobilier est globalement en forme depuis trois ans - les prix bondissent désormais plus vite qu'à Paris dans certaines villes comme Nantes -, il y est bien loin de la capitale: toujours selon les notaires, Bordeaux et Lyon sont les plus chères, mais le mètre carré y est deux fois moins coûteux qu'à Paris pour les appartements.
Même si les acheteurs se déportent sur les départements limitrophes de la capitale - Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-De-Marne -, les prix y restent nettement plus bas: à part des exceptions comme Neuilly-sur-Seine, il suffit de passer le périphérique pour observer de gros écarts.
En revanche, le haut niveau des prix s'homogénéise sur l'ensemble de la capitale: au premier trimestre, tous les arrondissements s'inscrivaient à plus de 8.000 euros le mètre carré.
Enjeu politique
L'évolution du marché parisien a des conséquences sociales: "la part des catégories socio-professionnelles les plus favorisées s'est beaucoup renforcée, dans un mouvement lent mais continu", soulignaient les notaires dans leur note de juillet.
Ils remarquaient que, parmi les nouveaux acquéreurs de logements parisiens, la part des ouvriers et employés s'est réduite à 5% l'an dernier contre 15% vingt ans plus tôt.
Ces conséquences sociales se portent sur le terrain politique et la question du logement promet d'être centrale lors de la campagne des municipales de 2020 où la socialiste Anne Hidalgo remettra son mandat en jeu.
"Quand un professeur, un policier ou une personne qui travaille aux hôpitaux de Paris ne peut pas se loger, cela n'est pas sain", a estimé dimanche sur Franceinfo Benjamin Griveaux, investi candidat par la République en Marche, le parti présidentiel.
"Quand on a été porte-parole d'un gouvernement qui a baissé l'APL, qui a ponctionné les bailleurs sociaux, qui a traîné des pieds pour remettre l'encadrement des loyers et réguler Airbnb, on se fait un tantinet modeste sur le logement", a répliqué sur Twitter, Ian Brossat, adjoint communiste au logement de l'actuelle municipalité.
Celle-ci a mené une politique du logement axée sur deux piliers: régulation des prix dans le privé, avec notamment la réintroduction d'un plafonnement des loyers cet été, et renforcement du parc social.
Mais c'est en partie ce dernier élément que les notaires ciblent pour expliquer une situation parisienne non seulement marquée par la flambée des prix mais aussi un recul ou une stagnation persistants du nombre de transactions d'un trimestre à l'autre.
Cette conjonction "tient principalement au manque d'offre", avait noté en mai la notaire parisienne Elodie Fremont, lors du précédent bilan trimestriel.
"Ce déficit de volume est notamment dû à l'augmentation des logements sociaux à Paris", avait-elle souligné. "On a plus de logements sociaux et beaucoup moins de logements dans le secteur privé."
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