Le Premier ministre, Edouard Philippe, doit annoncer dès mardi après-midi "de premières mesures d'urgence visant à renforcer la protection des victimes", ont annoncé ses services. "Des mesures supplémentaires concertées de manière collective arriveront plus tard", a ajouté son entourage.
Devant quelque 80 invités - responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou avocats -, plus de 10 membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa (égalité femmes-hommes), Nicole Belloubet (Justice) et Christophe Castaner (Intérieur), animeront des "ateliers" sur la prévention des violences, la "mise à l'abri et l'accompagnement" des victimes, ou la "sanction" des auteurs violents.
"On souhaite avoir un vrai travail interministériel mais surtout collectif avec les associations", a-t-on indiqué à Matignon.
Les associations féministes mobilisées sur le sujet souhaitent que l'événement débouche sur un "plan Marshall" doté d'"au moins" 500 millions, voire un milliard d'euros, loin des 79 millions d'euros de crédits spécifiquement alloués à cette lutte, selon une étude menée par cinq organisations.
Mme Schiappa, de son côté, a annoncé la semaine dernière la création d'un "fonds spécial" contre les féminicides d'un million d'euros à destination d'"associations de terrain", un chiffre jugé très insuffisant par les associations.
"Ce qu'on attend, c'est des résultats", a martelé lundi Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, lors d'une conférence de presse réunissant une dizaines d'associations.
Les militantes demandent notamment la création, avant la fin de l'année, d'au moins 2.000 places d'hébergement supplémentaires pour les femmes ayant fui le domicile conjugal, un renforcement de la prévention contre les violences sexistes dès l'école, ou la création d'instances judiciaires spécialisées.
- "Confiantes mais vigilantes"
Elles préconisent également de mieux former les policiers et gendarmes appelés à recueillir les plaintes des femmes victimes, afin d'éviter que celles-ci se voient éconduire ou répondre que porter plainte "ne sert à rien".
"Confiantes" avant ce Grenelle, les associations se veulent néanmoins également "vigilantes", notamment face au risque que l'événement se résume à une "opération de communication de la part du gouvernement".
"On ne veut pas un Grenelle des fake news (...) On souhaite que ce qui va être annoncé soit budgété, soit concrètement réalisé. L'attente est énorme. Les 100 femmes qui ont été assassinées (depuis le début de l'année) nous obligent", a souligné Mme Mailfert.
A la veille du Grenelle, ce chiffre est même monté à 101, avec le décès d'une vieille dame de 92 ans dans le Tarn. Son mari de 94 ans est soupçonné de l'avoir rouée de coups de canne.
Pour l'année 2018, le ministère de l'Intérieur avait recensé 121 féminicides.
Cette journée d'ouverture du "Grenelle", le 3.9.19, sera aussi l'occasion de communiquer et mieux faire connaître la ligne téléphonique 3919, dédiée aux femmes victimes de violences.
Les conclusions de la concertation doivent être annoncées le 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Un calendrier qui a suscité le scepticisme de certaines militantes. "Pourquoi organiser un Grenelle sur plusieurs mois alors que les solutions pour lutter contre les violences au sein du couple sont connues et reconnues de longue date ?", s'est ainsi interrogée Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes, qui appelle à "une volonté politique et des moyens hors du commun" pour enrayer ce fléau.
Le Grenelle "n'est pas une baguette magique", a reconnu de son côté Marlène Schiappa. "Les violences conjugales et les féminicides ne vont pas s'arrêter dès le lendemain", a observé la secrétaire d'Etat dans une interview au Parisien de mardi. "C'est un travail de longue haleine".
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