"On est tous stressés. Faire une Coupe du monde, c'est exceptionnel": Wenceslas Lauret a résumé l'état d'esprit de nombreux Bleus avant l'annonce, qui fera six déçus parmi les 37 joueurs.
Ceux-ci ont entamé, entre fin juin et début juillet, une longue préparation destinée à remettre à niveau les Bleus.
Elle a rebattu les cartes, comme les trois matches qui l'ont conclue (32-3 et 14-17 contre l'Ecosse, 47-19 contre l'Italie). Le sélectionneur Jacques Brunel avait indiqué, le 18 juin en annonçant son groupe élargi, que les six "suppléants" pouvaient intégrer les 31 en cas de bonnes performances? Certains ont effectivement su saisir leur chance.
Comme le troisième ligne Charles Ollivon, de retour en bleu après plus de deux ans d'absence et de galères (opérations d'une épaule), ou le pilier gauche Cyril Baille, arrivé seulement mi-juillet en remplacement d'Etienne Falgoux, blessé.
Le Toulousain, plus solide en mêlée fermée et meilleur balle en main, semble devancer Dany Priso. Le Rochelais devrait faire partie des recalés en compagnie de Vincent Rattez et Anthony Belleau, qui n'ont eu aucune minute de jeu à se mettre sous la dent.
Taofifenua, la grosse cote
Reste trois places à éviter. Une en deuxième ligne, sur le papier échue à Romain Taofifenua, intégré dans les réservistes après le forfait de Paul Willemse. Sa bonne prestation vendredi contre l'Italie lui permettra-t-elle de doubler ses concurrents Bernard Le Roux, Félix Lambey et Paul Gabrillagues?
Taofifenua, gros porteur de balle, ajoute une dimension physique que seule possède Sébastien Vahaamahina. Et les deux mois passés à suer lui ont permis de gagner en mobilité, son défaut initial.
Le Roux, lui, n'a pu faire ses preuves (suspendu pour les trois matches), Gabrillagues sera suspendu pour le premier match, contre l'Argentine le 21 septembre, et Lambey, le plus mobile et technique de tous, a manqué d'impact physique en Ecosse.
Mais la principale interrogation tourne autour de la composition de la troisième ligne. Ils sont trois partants certains, Grégory Alldritt, Arthur Iturria et donc Ollivon; reste donc a priori deux places à distribuer entre Lauret, Picamoles, Yacouba Camara et François Cros, le réserviste théorique.
L'absence de Picamoles serait un coup de tonnerre: le Montpelliérain (33 ans, 79 sél.) est l'un des plus expérimentés du groupe, avec deux Coupes du monde à son actif.
Choix cornélien en 3e ligne
Il possède qui plus un profil unique de perforateur au poste de N.8, capable d'avancer dans la défense, qui pourrait s'avérer précieux face à une opposition robuste (l'Angleterre par exemple, dernier adversaire en poules) ou comme "impact player", en entrant en cours de match face à des défenses fatiguées.
Mais à son débit, un manque de constance dans les performances, ainsi que d'endurance, de vitesse et de mobilité, critères importants aux yeux de l'encadrement et du nouvel adjoint Fabien Galthié. Ainsi qu'un défaut de polyvalence: Picamoles ne peut jouer que N.8, poste déjà pourvu avec Alldritt et Ollivon.
A-t-il sauvé sa peau grâce à sa prestation, plutôt convaincante, face aux Italiens? Dans le cas contraire, il aura disputé au Stade de France le dernier match de sa carrière internationale.
Lauret est lui un "plaqueur-gratteur" unique mais est moins à l'aise balle en main, Camara est plus complet mais se montre souvent indiscipliné, alors que Cros se rapproche sans doute le plus du profil recherché par Galthié, un 3e ligne technique capable d'assurer le lien attaque-défense.
Le choix est cornélien pour l'encadrement, qui pourrait décider de s'enlever une des deux épines dans le pied en ne sacrifiant qu'un troisième ligne. Il irait alors piocher soit au centre (Vakatawa?), soit plus probablement en deuxième ligne -- où Iturria peut jouer -- pour compléter sa liste des recalés.
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