Les députés reprennent mardi le chemin de la Chambre des Communes, où ils ne siègeront que quelques jours avant une suspension du Parlement la semaine suivante et jusqu'au 14 octobre, à deux semaines seulement du Brexit, le 31 octobre.
Cette suspension, annoncée la semaine dernière par Boris Johnson et qui doit lui permettre de présenter un nouveau programme de politique intérieure, a provoqué un flot d'indignation de la part des opposants à un "no deal" qui y voient une tentative de les bâillonner.
Ces derniers essaieront de légiférer en urgence pour empêcher une sortie de l'UE sans filet.
Pour dissuader les conservateurs tentés de voter avec l'opposition, Boris Johnson a prévenu que ceux-ci seraient expulsés du parti, une menace à la Une de plusieurs quotidiens lundi.
"Le Premier ministre prévient les députés rebelles: +Soutenez moi ou prenez la porte+", titrait ainsi le quotidien conservateur The Daily Telegraph. Le quotidien de gauche The Guardian notait que "Johnson est prêt à sacrifier sa majorité" au Parlement, qui ne tient qu'à une voix, avec le soutien du petit parti unioniste nord-irlandais DUP.
Cette menace alimentait les spéculations sur l'imminence d'élections législatives anticipées.
"Je pense que leur stratégie est de perdre cette semaine puis de convoquer des élections législatives en ayant éliminé ceux d'entre nous qui ne sont pas contre le Brexit, pas contre un départ de l'Union européenne, mais qui considèrent que nous devrions partir avec un accord", a déclaré lundi matin à la BBC l'ancien ministre de la Justice David Gauke, l'un des conservateurs anti "no deal".
L'ancien ministre des Finances Philip Hammond, favorable au maintien de liens étroits avec l'UE après le Brexit, a quant à lui jugé sur Twitter "hypocrite" de punir les rebelles, soulignant que huit membres du gouvernement actuel avaient défié cette année les consignes du parti.
Au bord du "précipice"
Preuve que les tensions sont à leur comble, une réunion prévue lundi entre M. Johnson et les rebelles Tories a été annulée à la dernière minute.
De son côté, le chef du Labour, principal parti d'opposition, Jeremy Corbyn, réunit lundi son cabinet fantôme à Salford (nord-ouest).
"Nous travaillons avec d'autres partis pour faire tout ce qui est nécessaire pour éloigner notre pays du précipice", devait déclarer M. Corbyn selon un extrait de son discours transmis par ses services. Parmi les mesures envisagées, l'opposition travailliste envisage une motion de censure contre le gouvernement.
Arrivé au pouvoir fin juillet, Boris Johnson a promis de faire sortir le Royaume-Uni du bloc européen coûte que coûte le 31 octobre, qu'un compromis ait ou non été trouvé avec Bruxelles, afin de respecter la volonté des Britanniques qui ont choisi le Brexit à 52% lors d'un référendum en 2016.
Affichant sa détermination, le gouvernement a lancé ce weekend une vaste campagne d'information incitant les entreprises et les particuliers à "se préparer pour le Brexit".
Pour le gouvernement, faire preuve de fermeté sur la date de sortie est la meilleure façon d'obtenir un accord avec l'UE. Toutefois, le négociateur de l'UE, Michel Barnier, a de nouveau exclu dimanche de renégocier l'accord de divorce avec le Royaume-Uni.
Boris Johnson souhaite délester ce texte conclu par l'ex-cheffe de gouvernement Theresa May avec l'UE, et rejeté trois fois par le Parlement britannique, du filet de sécurité irlandais (ou "backstop") visant à empêcher le retour à une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Cette disposition prévoit que faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans une "union douanière" avec l'UE.
Mais selon le Guardian, le gouvernement n'a pas d'alternative pratique au "backstop".
Outre le Parlement, la bataille contre le "no deal" se jouera aussi cette semaine dans les tribunaux.
Mardi, la plus haute instance civile d'Ecosse étudiera une demande de députés pro-européens de contrer la suspension. Une action en justice intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller, à laquelle s'est joint l'ex-Premier ministre conservateur John Major, sera elle examinée jeudi à Londres.
Des manifestations sont aussi prévues après que des milliers de Britanniques ont protesté samedi contre le "coup d'Etat" de Boris Johnson.
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