Les autorités de l'ancienne colonie britannique ont autorisé deux nouvelles manifestations, alors que plusieurs mouvements d'opposition ont appelé à la grève générale.
Dès les premières heures de la journée, les manifestants ont semé le chaos dans les métros et trains durant les heures de pointe. Habillés de noir, un certain nombre d'entre eux ont bloqué les portes des trains dans plusieurs stations, les empêchant de démarrer et causant d'importants retards sur tout le réseau.
Par ailleurs, les universités devaient reprendre les cours lundi après les vacances d'été, mais les étudiants, qui forment la colonne vertébrale des protestataires antigouvernementaux, ont appelé à boycotter les cours pendant deux semaines ainsi qu'à un rassemblement dans l'après-midi.
Né il y a trois mois du rejet d'un projet de loi qui devait autoriser les extraditions vers la Chine, le mouvement de contestation a depuis considérablement élargi ses revendications. Celles-ci renvoient toutes à la dénonciation d'un recul des libertés et de l'ingérence grandissante de la Chine dans les affaires de la région semi-autonome, en violation du principe "Un pays, Deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession en 1997.
Hong Kong a connu samedi une journée de protestations parmi les plus violentes depuis le début du mouvement. Et dimanche, des milliers de manifestants prodémocratie ont tenté de bloquer les accès de l'aéroport en érigeant des barricades à l'aide de chariots à bagages, avant d'être chassés par la police.
Drapeau chinois brûlé
Beaucoup de manifestants se sont alors déplacés vers la ville de Tung Chung, par laquelle passe l'unique route menant à l'aéroport. Ils ont utilisé des tuyaux pour inonder la station de métro de cette localité et aussi brûlé un drapeau chinois, un geste susceptible de provoquer la fureur de Pékin.
Nombre de passagers coincés dans les embouteillages provoqués par ces actions ont été contraints de finir à pied le trajet menant à l'aéroport. Une quinzaine de vols ont dû être annulés.
Les manifestants n'ont en théorie plus le droit de protester à l'aéroport, en vertu d'un arrêté qui avait été pris le mois dernier après que des rassemblements dans ses terminaux eurent dégénéré et affecté des centaines de vols. Mais ils se sont souvent affranchis des interdictions.
Des violences ont plongé samedi soir plusieurs quartiers dans le chaos jusque tard dans la nuit. Des contestataires ont notamment incendié une énorme barricade dans le quartier de Wanchai (centre), à une centaine de mètres du QG de la police.
Des scènes chaotiques se sont poursuivies dans toute la ville, la police pourchassant les manifestants jusque dans les stations de métro.
"La police est une pègre sous licence, avec un permis d'attaquer et d'agresser", a déclaré à l'AFP le député prodémocratie Kwok Ka-ki. "Le gouvernement n'est pas différent d'un régime autocratique."
"Escalade de la violence"
Une vidéo tournée par un média local montre notamment des forces de police chargeant et tabassant une foule tapie dans un wagon. On y voit un homme hurler alors que, à genou, tentant de protéger une amie, il est aspergé de gaz poivré. Des scènes "horribles" selon Amnesty International, qui a demandé une enquête sur ces violences.
Une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans une station.
"La sécurité des policiers et de la population est gravement menacée par cette escalade de la violence et l'utilisation de plus en plus fréquente par les manifestants d'armes meurtrières", a affirmé la police dans un communiqué.
Celle-ci a indiqué avoir samedi soir effectué deux tirs de sommation après avoir été attaquée par un groupe de "manifestants violents qui ont même tenté de voler les armes de la police".
Les services hospitaliers de la ville soigné 31 blessés, dont cinq gravement touchés.
L'image de marque de Hong Kong, jusque-là réputée comme une place financière stable, a été ébranlée par le mouvement actuel. Le nombre de touristes a plongé, et hôtels et commerces doivent faire face à des baisses importantes de leurs chiffres d'affaires.
Le gouvernement n'a offert que peu de concessions pour tenter de mettre fin aux manifestations.
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