Les opérateurs de l'"Airport Express", le train à grande vitesse reliant le huitième aéroport international le plus fréquenté au monde et le centre de l'ex-colonie britannique, ont annoncé en début la suspension du service, sans donner de justification.
Des manifestants vêtus de noir, portant des masques et se cachant derrière des parapluies pour échapper à la surveillance des caméras, ont de leur côté érigé des barricades au terminal d'autobus de l'aéroport. D'autres tentaient une opération escargot sur l'autoroute menant aux terminaux aériens situés sur l'île de Lantau (nord-ouest).
Aucune perturbation des vols n'était dans l'immédiat signalée, mais des policiers anti-émeute ont été déployés dans l'aéroport.
L'ex-colonie britannique vit depuis trois mois sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions quasi-quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et les ingérence grandissante de Pékin.
"Vraiment fatiguée"
Samedi a été le théâtre de certains des affrontements les plus violents. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues malgré l'interdiction de manifester.
Et en fin d'après-midi, la violence s'est propagée dans de nombreux quartiers, jusque tard dans la nuit.
Les manifestants n'ont en théorie plus le droit de protester à l'aéroport, en vertu d'un arrêté qui avait été pris le mois dernier après que des rassemblements dans ses terminaux eurent dégénéré et affecté des centaines de vols.
"Je suis vraiment, vraiment fatiguée", confiait dimanche à l'AFP une manifestante se faisant appeler May.
"Beaucoup de Hongkongais ont très peu dormi cette nuit", ajoute l'étudiante de 18 ans. "J'ai eu du mal à me lever, mais j'étais déterminée à manifester encore."
Cocktails Molotov, barricade en feu et lacrymogènes... Le coeur de Hong Kong a encore plongé samedi dans le chaos. Des contestataires ont notamment incendié une énorme barricade dans le quartier de Wanchai (centre), à une centaine de mètres du QG de la police.
"Pègre sous licence"
Les flammes ont brûlé pendant plus d'une heure, et l'asphalte de cette artère qui traverse le quartier d'est en ouest présentait encore dimanche matin les stigmates de l'incendie, alors que des employés s'efforçaient d'effacer les tags constellant les murs.
Des scènes chaotiques se sont poursuivies dans toute la ville toute la soirée, la police pourchassant les manifestants jusque dans les stations de métro.
Une vidéo tournée par un média local montre notamment des forces de police chargeant et tabassant une foule tapie dans un wagon. On y voit un homme hurler alors que, à genou, tentant de protéger une amie, il est aspergé de gaz poivré. Les policiers quittent ensuite le train sans arrêter personne.
Les forces de l'ordre concentrent avec la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam la colère du mouvement. Une des demandes des manifestants est d'ailleurs l'ouverture d'une enquête indépendante sur la "brutalité policière".
"La police est une pègre sous licence, avec un permis d'attaquer et d'agresser", a déclaré à l'AFP le député prodémocratie Kwok Ka-ki. "Le gouvernement n'est pas différent d'un régime autocratique."
Ce samedi marquait le cinquième anniversaire du refus par Pékin d'organiser des élections au suffrage universel à Hong Kong. Cette décision fut le déclencheur du "Mouvement des parapluies" de 2014, marqué par 79 jours d'occupation du coeur de la ville.
"La liberté ou la mort"
Cette mobilisation alors historique s'était achevée sans aucune concession de la part du gouvernement central chinois.
"Donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort", disait samedi soir un graffiti sur un chantier de Wanchai.
"La sécurité des policiers et de la population est gravement menacée par cette escalade de la violence et l'utilisation de plus en plus fréquente par les manifestants d'armes meurtrières", a affirmé la police dans un communiqué.
La police a indiqué avoir samedi soir effectué deux tirs de sommation après avoir été attaquée par un groupe de "manifestants violents qui ont même tenté de voler les armes de la police".
Les services hospitaliers de la ville ont annoncé que 31 personnes avaient été admises pour des blessures, dont cinq gravement touchés.
L'agence officielle chinoise Chine nouvelle a de son côté publié sur Twitter samedi soir une vidéo montrant la police chinoise effectuant des exercices anti-émeutes à Shenzhen.
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