"Je m'incline devant les victimes de l'attaque de Wielun. Je m'incline devant les victimes polonaises de la tyrannie allemande. Et je demande pardon", a déclaré en allemand et en polonais M. Steinmeier, en présence notamment de son homologue polonais.
La Pologne a été durement touchée par les horreurs de la Deuxième guerre mondiale, perdant six millions de citoyens, dont trois millions de Juifs.
"Ce sont les Allemands qui ont commis un crime contre l'humanité en Pologne. Quiconque prétend que c'est fini, que le règne de terreur des national-socialistes sur l'Europe est un événement marginal dans l'histoire allemande se juge lui-même", a souligné M. Steinmeier.
Le chef de l'Etat a semblé faire ainsi référence à l'extrême droite allemande, dont le co-président Alexander Gauland avait estimé que les années du Troisième Reich n'ont été qu'une "fiente d'oiseau" dans un millénaire allemand glorieux.
"Nous n'oublierons pas. Nous voulons nous souvenir et nous nous souviendrons", a insisté M. Steinmeier.
De son côté, le président polonais Andrzej Duda a dénoncé "un acte de barbarie" et "un crime de guerre" qui a ouvert la Seconde guerre mondiale" à Wielun le 1er septembre 1939.
M. Duda a remercié M. Steinmeier pour sa présence à Wielun.
"Je suis convaincu que cette cérémonie passera dans l'histoire de l'amitié polono-allemande", a-t-il dit.
Fumée, bruit, explosions
"J'ai vu des morts, des blessés... Fumée, bruit, explosions. Tout brûlait...", a raconté un témoin du bombardement, Tadeusz Sierandt, âgé aujourd'hui de 88 ans, interrogé par l'AFP à quelques jours de l'anniversaire.
L'attaque est venue une semaine après un accord secret, le pacte Ribbentrop-Molotov, conclu entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique sur le partage de l'Europe entre elles. La deuxième guerre mondiale allait faire entre 40 et 60 millions de morts, dont six millions de Juifs, victimes de l'Holocauste perpétré par les nazis.
Le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne, alliées de la Pologne, ont déclaré la guerre à l'Allemagne, mais sans lancer d'opérations importantes. Le 17 septembre, l'URSS a attaqué l'Est de la Pologne.
La collaboration entre nazis et Soviétiques a pris fin avec l'attaque d'Hitler contre l'URSS le 22 juin 1941. La guerre s'est poursuivie entre les Alliés, rejoints par l'URSS et les Etats-Unis, et l'axe germano-italo-japonais, battu en 1945.
En milieu de journée le vice-président américain Mike Pence, précédé par MM. Duda et Steinmeier, doit prononcer un discours place Pilsudski, devant le Tombeau du Soldat inconnu à Varsovie.
M. Pence remplace le président Donald Trump qui avait prévu de se rendre en Pologne, mais a fini par y renoncer pour ne pas quitter son pays menacé par l'ouragan Dorian.
Réparations de guerre
A l'heure de la cérémonie de Wielun, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans ont participé à la commémoration du combat désespéré livré par une poignée de défenseurs polonais de la garnison de Westerplatte, à Gdansk, bombardée par un navire de guerre allemand.
"Travailler pour la tolérance, œuvrer pour le respect mutuel, s'efforcer de supprimer le terreau de ceux qui proposent l'intolérance, qui pensent que la haine est un bon moteur pour la politique, qui croient que la confrontation entre nations, entre cultures différentes, est une bonne chose", a déclaré M. Timmermans.
L'Allemagne est aujourd'hui alliée de la Pologne au sein de l'Otan et de l'UE, et son premier partenaire économique. Mais, aux yeux du gouvernement conservateur nationaliste de Varsovie, la question des réparations de guerre doit encore être réglée.
"Il faut parler de ces pertes, s'en souvenir, exiger la vérité et la compensation", a souligné dimanche M. Morawiecki.
Une commission parlementaire travaille sur une nouvelle estimation des pertes subies par la Pologne, que Varsovie souhaite présenter à Berlin. Mais pour le gouvernement allemand la question des réparations est close depuis longtemps.
La chancelière Angela Merkel assistera à la commémoration à Varsovie, mais ni le président français Emmanuel Macron, ni le Premier ministre britannique Boris Johnson n'ont prévu de faire le déplacement. Le président russe Vladimir Poutine n'a pas été invité, pour cause d'annexion de la Crimée et de conflit séparatiste en Ukraine.
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