Il y a une sorte de clin d'œil du destin à se jauger une dernière fois face aux Azzurri, passés tout proches d'une victoire lors du dernier Tournoi des six nations, mi-mars à Rome (25-14).
Les Bleus avaient frôlé la catastrophe en clôture d'une compétition inquiétante, qui a conduit la Fédération, pour tenter de sauver les meubles au Mondial (20 septembre-2 novembre), à renforcer l'encadrement par les arrivées de Fabien Galthié et du préparateur physique Thibault Giroud.
La première sortie de ces Bleus new-look, à Nice contre l'Écosse (32-3), a été convaincante. Mais le soufflé est aussitôt retombé samedi dernier à Édimbourg (défaite 17-14) face à un XV du Chardon ragaillardi, qui a mis en lumière les carences récurrentes françaises (attentisme autour des regroupements, pertes de balles, imprécisions) dès que l'intensité et le niveau s'élèvent.
Les joueurs, pourtant, préfèrent dans leur grande majorité afficher une attitude positive, comme Gaël Fickou: "On a conscience qu'on n'a pas été bons à Édimbourg. Mais on veut rester positif entre nous. On se doit de l'être car ce n'est pas encore la compétition. Si on commence à se mettre la tête dans le gouffre, on n'avance pas."
Ce n'est pas encore la compétition, mais presque: elle débutera dans trois semaines (21 septembre) face à l'Argentine, qui proposera, a minima, une opposition similaire à celle de l'Écosse samedi dernier. Et de plusieurs crans supérieure à celle de l'Italie, accrocheuse mais limitée.
"C'est sûr que quand on voit jouer les Argentins, c'est un ton au-dessus des équipes qu'on affronte là. Et de ce qu'on est nous actuellement. Après, c'est une compétition à part" estime Arthur Iturria, l'un des rares joueurs à ne pas faire preuve d'un positivisme à tout crin.
"On est personne"
Le véritable test des trois tours de chauffe est passé (en Écosse), et perdu. Mais à défaut de franchement se rassurer, les Bleus doivent au moins éviter d'attaquer la Coupe du monde avec une confiance et des certitudes en berne.
"Il ne faudrait surtout pas prendre de haut l'Italie car on n'est personne. Ce serait bête de tomber dans ce piège avant de partir au Japon", lâche Iturria.
La défaite est donc interdite, et la manière recommandée, dans un Stade de France qui devrait afficher sa pire affluence pour un match du XV de France (quelque 30.000 spectateurs attendus). "Il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit facile mais à une confrontation costaude. J'espère que nous serons bien meilleurs dans l'engagement physique, que notre secteur défensif sera encore performant et que nous serons capables de gommer nos scories dans l'animation offensive", liste Jacques Brunel.
"Il faut passer sur quelque chose de beaucoup plus maîtrisé, structuré et sérieux avant d'aborder la Coupe du monde. On ne peut pas se permettre d'être dans l'à-peu-près" avance de son côté Jefferson Poirot, capitaine à la place de Guilhem Guirado, sur le banc.
Quatre billets en jeu
Ce dernier match de préparation servira aussi au sélectionneur et à son encadrement à trancher les derniers cas épineux avant l'annonce, lundi soir, du groupe des 31 retenus pour le Mondial.
Six joueurs resteront à quai. Si Vincent Rattez et Anthony Belleau feront, sauf blessure de dernière minute, partie des déçus après n'avoir eu aucune minute de jeu à se mettre sous la dent, plusieurs joueurs tenteront eux vendredi de faire pencher la balance en leur faveur.
Cyril Baille au poste de pilier gauche, Romain Taofifenua en deuxième ligne, mais surtout l'ensemble de la troisième ligne: Wenceslas Lauret, Yacouba Camara et le cadre Louis Picamoles, enfin titulaires, sont confrontés à la concurrence acharnée des "suppléants" Charles Ollivon et François Cros (remplaçant).
Romain Ntamack, à l'ouverture, Sofiane Guitoune au centre, et Camille Chat, qui débutera au talonnage à la place de Guirado, ont eux leur billet pour Tokyo. Mais ils voudront prouver qu'ils peuvent de nouveau démarrer, dans trois semaines face aux Argentins.
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