"C'est ma vingtième rentrée, et là c'est la première fois que je suis dans l'inconnu total", regrette Lionel Mendouse, enseignant en histoire-géographie dans le 9e arrondissement de Paris.
Comme lui, quelque 870.000 enseignants effectuent leur "pré-rentrée" vendredi, avant que 12,4 millions d'élèves ne lancent lundi une année scolaire où l'attention sera notamment portée sur les lycées.
Le nouveau bac, qui prendra en compte le contrôle continu, ne verra le jour qu'en juin 2021. Mais il se prépare en amont et des changements interviendront dès cette année pour les élèves de première, qui seront les premiers à passer l'examen sous sa nouvelle forme.
Les séries S, ES et L sont supprimées et remplacées par des enseignements de spécialités, qui demandent des aménagements spécifiques.
Lionel Mendouse déplore "l'urgence, la précipitation, voire l'amateurisme" de la réforme. "Les manuels ne sont arrivés qu'au cours du mois de juin, ne nous laissant que peu de temps pour préparer notre programme et notre rentrée, c'est n'importe quoi", lance-t-il.
Mathieu, professeur dans un lycée de Seine-Saint-Denis, n'a lui pas voulu de classe de première pour éviter de se "prendre la tête avec cette réforme". Son vœu a été exaucé. "Les emplois du temps vont être une usine à gaz, je suis donc très content de savoir que je n'aurai pas ça à gérer dans l'immédiat", se réjouit cet enseignant qui tient à garder l'anonymat.
- "Des emplois du temps corrects" -
Avant cette pré-rentrée, des professeurs mobilisés contre la réforme du lycée s'étaient réunis en université d'été dans le bois de Vincennes durant trois jours.
Parmi eux, Michael, professeur de sciences économiques et sociales en Seine-Saint-Denis, s'était mobilisé en juillet contre la réforme du bac et se dit encore dans "l'incertitude" avant cette rentrée.
"Il s'agit d'une grosse réforme mais la rentrée est pourtant la même que l'an dernier. Nous n'avons aucun briefing sur le contrôle continu, on espère en savoir davantage dans les jours qui viennent", ajoute ce jeune professeur.
Il se dit "déterminé à poursuivre" la mobilisation contre cette réforme mais "préfère (se) concentrer sur la rentrée, pour démarrer sur de bonnes bases avec les élèves".
Que ce soit pour les professeurs ou les équipes de direction des établissements, l'année scolaire passée a été agitée, notamment dans sa dernière ligne droite, avec un bac entaché par une série de couacs et une grève de correcteurs opposés aux réformes du ministre.
"Tous les chefs d'établissements s'accordent à dire qu'il serait compliqué de refaire une année aussi chahutée que l'an dernier, les troupes ne tiendraient pas dans la durée", confesse Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, syndicat des principaux et proviseurs.
"Il y a des incertitudes et des interrogations autour de cette rentrée pour les proviseurs de lycée par rapport aux emplois du temps. La répartition des élèves en fonction de leur spécialité est compliquée, mais à ce stade il n'y a pas de message d'alerte", assure M. Vincent.
Selon Gilles Pécout, recteur de Paris, "certains adjoints ont sacrifié une partie de leur été pour travailler sur ces emplois du temps". Mais il assure également qu'après avoir appelé "chaque chef d'établissement pour s'en assurer, il n'y a aucun problème".
"Ils ont connu tardivement les conditions pour réaliser les emplois du temps, la diversité des choix de combinaisons pouvait inquiéter, mais finalement ils arrivent à des emplois du temps corrects après un gros travail pédagogique", ajoute de son côté Jean-Michel Coignard, directeur de l'Académie de Paris.
L'inquiétude, selon lui, se reporte finalement déjà sur "la préparation de l'année prochaine : il faudra faire les emplois du temps avec les spécialités de première -- ça on saura faire--, mais s'ajouteront ceux de terminale, avec des contraintes peut-être trop fortes", présage-t-il.
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