Crise de majorité au conseil général de l'Orne : le dessous des cartes
18 des 40 conseillers généraux de l'Orne viennent d'annoncer par voie de presse la création d'un groupe politique pompeusement nommé "Orne Avenir". Ils visent à essayer de déstabiliser le président Alain Lambert en raison, disent-ils, de sa prise de position politique ambiguë. Sous cette façade, se cache en réalité une poignée d'intrigants qui n'ont jamais accepté l'ascension politique de l'ancien ministre du budget ni qu'il accède à la tête d'une collectivité départementale considérée comme leur propriété.
Sous le vernis de la proximité et du terrain, se cache en fait une basse opération de captation de la seule collectivité d'importance qui échappe à la gauche dans le département de l'Orne. Il est en effet plus facile de gagner une élection quand on ne peut la perdre. Incapable de faire face à la poussée de la gauche sur leurs territoires, quelques notables tentent le coup de force pour garder la main, quitte à risquer de mettre à mal d'intérêt général par le retour à une politique de prébende. Nombre de conseillers généraux de bonne foi se sont laissés entraîner dans la manoeuvre sans en mesurer les tenants et aboutissants.
La perte par l'UMP de deux circonscriptions législatives sur trois dans l'Orne (une première depuis plus de 130 ans) aura déclenché une peur panique chez quelques notables dont les plans de carrière sont singulièrement remis en cause. Cette situation les poussent aujourd'hui à essayer de préempter, en s'exonérant du suffrage des citoyens, la direction du conseil général, seule collectivité d'importance dont on est sûr qu'elle échappera aux élus socialistes en 2014 (30 élus sur 40 appartiennent à la majorité DVD-UMP-PRV-Modem-NC). Tout cela n'a rien à voir avec l'intérêt général. Ce n'est que la résurgence des vieux démons de l'Orne: la volonté de féodalités à assoir leur pouvoir sans partage en s'appuyant sur une dizaine de cantons ruraux représentant un petite minorité des habitants.
Alain Lambert est celui qui a permit de briser il y a quelques années ce monopole et d'insuffler une politique de l'intérêt général en lieu et place d'une politique de saupoudrage, de rente et de transmission patrilinéaire des mandats électifs (1er vice-président en 2004 puis président depuis 2007).
Mais, après avoir passé de nombreuses années en première ligne face à la gauche sur Alençon (préfecture de l'Orne), Alain Lambert a décidé de s'accorder un peu de repos électif en se présentant sur le canton rural de Putanges-Pont-Ecrépin en 2009. Dès lors, sournoisement, et parce qu'ils comptaient probablement sur le parti socialiste pour le battre lors des cantonales de 2011 sur Alençon et ainsi récupérer la tête de ce qu'ils considèrent comme leur domaine, une poignée d'élus ruraux ont conduit une guerre souterraine de dénigrement systématique du président du conseil général. Ils lui ont reproché, pèle-mêle, de s'opposer à la dérive des finances des gouvernements de Nicolas Sarkozy, de soutenir des candidats de la droite et du centre sur les villes tenues par la gauche (Argentan) ou d'avoir le culot de se faire élire sur un canton sociologiquement de droite!
Il suffit de prendre connaissance du nom du porte-parole du groupe de "mutins" pour douter que l'avenir de l'Orne soit la seule préoccupation des meneurs de la fronde. Comment Patrick Mussat (68 ans, 3ème vice-président) peut-il prétendre incarner à l'heure de la retraite l'avenir de l'Orne! En vingt ans de mandat de conseiller général, son fait d'arme le plus marquant est le fiasco total du seul dossier qu'il dirige, le maintien de l'activité au Haras du Pin et ce malgré les sommes tout à fait extravagantes injectées sous la présidence de Gérard Burel (1993-2007) sur le canton d'Exmès (2779 habitants), canton qui représente pourtant moins de 1% de la population de l'Orne. Nous lui devons par ailleurs le détricotage du schéma départemental routier voulu par Gérard Burel et en particulier le maintien d'une liaison routière médiocre vers Paris entre Argentan et l'Aigle, liaison médiocre que obère le développement économique des bassins de Flers et d'Argentan (2ème et 3ème ville de l'Orne).
La mauvaise foi de certaines personnes du nouveau groupe politique est patente. Comment le 2ème vice-président (Gilles de Courson UMP s'affichant divers droite) et le 3ème vice-président (Patrick Mussat UMP s'affichant sans étiquette) peuvent-ils reprocher à Alain Lambert de passer trop de temps hors du département alors qu'eux-même passent l'essentiel de leurs semaines à vaquer à leurs obligations professionnelles parisiennes plutôt qu'à suivre les dossiers de l'Orne. La différence avec Alain Lambert est que ce dernier utilise le temps passé à l'extérieur pour faire avancer nos dossiers et non ses affaires personnelles.
Incapable de gagner les élections dès que la victoire n'est pas certaine, comme ce fut le cas pour Jérôme Nury (conseiller général UMP du bocage et maire de Tinchebray) lors des élections régionales en 2010 puis lors des législatives en 2012, certains veulent trouver un poste de compensation. D'autres craignent les élections locales de 2014 car elle vont induire la dilution de leur territoire dans un ensemble plus grand avec la fusion de certains cantons (exemple: Exmès). Enfin, quelques uns, malgré le caractère rural de leur canton, sont en danger face à la gauche (exemple: Le Theil-sur-Huisne). C'est la peur d'être isolé ou d'être tenu à l'écart par les électeurs en 2014 qui poussent trois ou quatre élus de la majorité départementale à fomenter l'agitation. Prendre tout de suite ce qui risque de leur échapper demain, voilà un objectif plus crédible que la préparation de l'avenir de l'Orne.
Cette écume politicienne est bien éloignée des enjeux majeurs du département: désertification médicale à court terme (50% des médecins partent à la retraite dans les 5 prochaines années), vieillissement accéléré de la population dû au départ des jeunes adultes, paupérisation massive des zones urbaines (35% des personnes vivent sous le seuil de pauvreté à Argentan), hausse tendancielle inexorable des dépenses à caractère social sans compensation financière...
L'Orne a besoin de la compétence d'Alain Lambert pour traverser la crise des finances locales qui se développe et elle a besoin de son influence à Paris pour défendre l'Orne et ses 505 communes. Après le redressement des finances départementales opérées par Gérard Burel puis Alain Lambert, nous perdrions beaucoup à laisser quelques personnes s'accaparer sans partage la direction du conseil général, non point pour développer les projets d'intérêt départemental mais pour concentrer les moyens de la collectivité sur une minorité de cantons ruraux alors que le département a besoin de politiques globales ambitieuses et équilibrées sur l'ensemble du territoire, politiques dont seul Alain Lambert peut aujourd'hui être le garant.
J'espère que la myopie de quelques amis qui se sont laissés embarquer dans cette aventure pas très honorable s'estompera rapidement, car au final ils risquent d'être avec les habitants de l'Orne les dindons de la farce.
La construction de ronds-points éclairés la nuit en pleine campagne, la distribution d'avantages financiers disproportionnés, des autoroutes qui évitent des zones urbaines principales et la mise sous tutelle de l'état pour déficit et endettement, nous avons déjà connu cela dans l'Orne. Espérons que nous ne ferons pas un bon de vingt en arrière et qu'Alain Lambert privilégie le service aux ornais à sa tranquillité personnelle.
Il en va de l'avenir de l'Orne et de l'intérêt du plus grand nombre.
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