Une revalorisation des salaires très attendue
Avec un salaire moyen d'environ 2.440 euros nets par mois dans le public, les enseignants constatent qu'ils sont moins payés que beaucoup d'autres cadres de la fonction publique et du privé. En cette rentrée, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a annoncé l'ouverture d'un dialogue sur la question. "On espère qu'il va passer des paroles aux actes", a prévenu Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
De son côté, le SE-Unsa a salué des signes d'apaisement après "deux ans de tension". Mais "c'est sur le sujet des rémunérations qu'il y a le plus de flou", s'inquiète son secrétaire général, Stéphane Crochet.
Une revalorisation salariale est d'autant plus attendue que le gel du point d'indice depuis 2010 s'est traduit par une perte de pouvoir d'achat de l'ordre de 15% pour les enseignants, calculent les syndicats.
Le SE-Unsa souhaiterait aussi la création d'"indemnités spécifiques" pour la mise en place des épreuves de contrôle continu dans la réforme du lycée.
Les promesses de Blanquer
Cette semaine, le ministre de l'Education a fait valoir que les professeurs verraient leur salaire annuel augmenter de "300 euros en moyenne en 2020". Mais cette augmentation avait été décidée par le précédent gouvernement et n'est en aucun cas une nouvelle mesure.
"Ces 300 euros vont à peine couvrir l'inflation, ce n'est absolument pas une revalorisation", s'irrite Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat dans le secondaire. "Il n'y a pour l'instant aucun signal positif sur le sujet".
Le ministre met en avant d'autres "mesures spécifiques", notamment en réseaux d'éducation prioritaire (REP). Dans ces zones où il est "plus difficile" d'enseigner, la prime passe à 2.000 euros cette année (contre 1.000 euros l'année dernière). Cela s'ajoute aux 2.500 euros de primes déjà existants, "donc c'est très significatif", a-t-il fait valoir mercredi soir, en expliquant que cette mesure concerne 50.000 professeurs.
Il rappelle aussi que les heures supplémentaires des enseignants du secondaire vont être défiscalisées.
Inquiétudes sur la réforme des retraites
Les enseignants sont d'autant plus inquiets que se profile une réforme des retraites qui pourrait leur être défavorable.
Jusqu'ici, les fonctionnaires percevaient une pension égale à 75% de leur traitement des six derniers mois (hors prime). Dans le futur régime, la retraite est déterminée en fonction de l'ensemble de la carrière. Ils vont donc y perdre puisque les salaires des six derniers mois sont nécessairement plus élevés. Pour compenser, il est prévu d'intégrer leurs primes dans le calcul de la retraite.
Mais de l'aveu même du haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, cela "pénalisera" les catégories qui touchent peu de primes, "comme les enseignants".
Selon le Snuipp-FSU, les indemnités ne représentent en moyenne que 5% de la rémunération totale des professeurs des écoles, contre 23% chez les autres fonctionnaires.
Lundi soir, Emmanuel Macron a reconnu que "certaines professions - si on fait les choses mécaniquement - seraient lésées", comme les enseignants. "Il n'y aura pas de réforme des retraites tant qu'on n'aura pas bâti une vraie transformation de ces professions", a-t-il ajouté.
"La réforme des retraites est le dossier brûlant de la rentrée", résume Stéphane Crochet.
"Rapidement" ou "tranquillement" ?
Des réunions spécifiques avec les syndicats et le haut commissaire à la réforme des retraites devraient se tenir dès septembre ou octobre. "Il nous faut rapidement des annonces", juge-t-on au Snuipp-FSU.
La réforme des retraites doit permettre "de discuter de la rémunération des enseignants", assure de son côté Jean-Michel Blanquer. "Nous avons une opportunité historique de travailler tranquillement" sur ces sujets, ajoute-il.
Mais pour les syndicats, la revalorisation salariale est "urgente", indépendamment de la réforme des retraites. Un premier point de désaccord ?
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