En à peine 24 heures, la cité portuaire d'Aden, supposée symboliser la résistance aux insurgés Houthis, a encore changé de main dans un combat fratricide opposant séparatistes sudistes au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi reconnu par la communauté internationale.
Les séparatistes ont dit l'avoir reprise aux forces loyalistes qui la contrôlaient mercredi. La ville avait été conquise une première fois le 10 août par les séparatistes après des combats meurtriers.
La guerre ouverte entre gouvernement et séparatistes et les accusations concernant le rôle d'Abou Dhabi ébranlent davantage la cohésion d'une coalition militaire au Yémen dont les deux piliers, l'Arabie saoudite et les Emirats, se retrouvent aux antipodes.
En effet, le premier pays, voisin du Yémen, soutient le gouvernement Hadi tandis que le second appuie les séparatistes réunis au sein du Conseil de transition du sud (STC) qui réclame l'indépendance du Sud.
Saoudiens et Emiratis se sont unis pour intervenir en 2015 au Yémen et empêcher les rebelles Houthis venus du Nord et soutenus par l'Iran, rival régional de Ryad, de prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen.
Selon le porte-parole du STC, Haitham Nezar, les séparatistes "contrôlent complètement la ville d'Aden et ses entrées".
Les forces gouvernementales "se sont retirées" vers la province voisine d'Abyane, a confirmé une source de sécurité du gouvernement.
Selon des responsables des services de sécurité, les séparatistes ont pourchassé les loyalistes jusqu'à Zinjibar, capitale de la province voisine d'Abyane située à une centaine de km à l'est d'Aden, où des combats opposent les deux camps.
"Agression" des Emirats
Le gouvernement de M. Hadi s'est empressé d'accuser les Emirats d'avoir apporté un soutien décisif aux séparatistes pour reprendre Aden, en bombardant les forces loyalistes.
"Le gouvernement condamne les bombardements aériens des Emirats contre ses troupes à Aden et Zinjibar", a déclaré sur Twitter Mohammed al-Hadhrami, vice-ministre des Affaires étrangères.
Il a fait état d'un nombre indéterminé de morts et de blessés dans ces bombardements.
Des habitants d'Aden ont indiqué à l'AFP avoir entendu des bruits de raids aériens mercredi lorsque les forces du gouvernement entraient dans la ville.
Dans un communiqué, l'ONG, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que l'hôpital qu'elle gère à Aden avait admis mercredi en quelques heures 51 blessés, dont dix ont succombé.
M. Hadhrami a appelé l'Arabie saoudite, qui conduit la coalition soutenant son gouvernement, à "mettre fin à cette escalade illégale".
Aden est devenue la "capitale provisoire" du gouvernement Hadi après que les Houthis ont pris la capitale Sanaa située dans le nord de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Séparatistes et forces gouvernementales avaient auparavant combattu ensemble les Houthis mais leurs relations se sont tendues à partir de 2017. Les combats les opposant dans le Sud depuis début août constituent un nouveau front dans la guerre au Yémen.
Appel au dialogue
Les séparatistes ont fait venir des renforts et semblent déterminés à reprendre le contrôle des secteurs aux mains du pouvoir dans le Sud.
Cette partie du Yémen était un Etat indépendant jusqu'à l'unification du Sud et du Nord du Yémen en 1990.
Selon Haitham Nezar, les séparatistes envisagent une offensive sur les provinces d'Abyane et Chabwa, actuellement aux mains du pouvoir.
Lors d'une rencontre avec le prince Khaled ben Salmane, frère du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a appelé à un règlement négocié avec les séparatistes. "Le dialogue représente la seule façon de parvenir à un Yémen stable, unifié et prospère", selon le département d'Etat.
La rencontre a eu lieu après que le Wall Street Journal a indiqué que l'administration de Donald Trump s'apprêtait à entamer des pourparlers directs avec les Houthis pour tenter de mettre fin à la guerre déclenchée après une offensive de ces rebelles qui se sont emparés de larges pans du territoire dont Sanaa.
Depuis 2014, le conflit a fait des dizaines de milliers de morts dont de nombreux civils d'après des ONG, et plongé le pays dans la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU.
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