La livre sterling a chuté de -0,6% face à l'euro et au dollar à la suite de cette information, qui renforce l'hypothèse d'un Brexit dur.
La rentrée parlementaire est prévue mardi. Le Premier ministre a annoncé avoir écrit à la reine Elizabeth II pour lui demander de suspendre le Parlement la semaine suivante, après les débats du 9 septembre, et jusqu'au 14 octobre. La session parlementaire reprendrait alors avec le traditionnel discours de la Reine, dans lequel elle expose le programme du gouvernement.
"Je pense qu'il est essentiel que le Parlement siège avant le Conseil européen (prévu le 17 et 18 octobre prochain, ndlr), et si, comme je l'espère, un accord avec l'UE est imminent, le Parlement aura la possibilité d'adopter la loi sur l'accord de retrait nécessaire pour la ratification avant le 31 octobre", a expliqué le chef du gouvernement dans un communiqué.
"Les semaines précédant le Conseil européen sont vitales pour mes négociations avec l'UE", a-t-il souligné, ajoutant: "En montrant unité et détermination, nous avons une chance de décrocher un nouvel accord qui puisse être adopté par le Parlement".
Le précédent accord de sortie de l'UE conclu avec le gouvernement de Theresa May après plus de deux ans de négociations acharnées avait été rejeté à trois reprises par les députés. Ces derniers n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la forme que doit prendre le Brexit, voté en juin 2016 par 52% des Britanniques.
Le calendrier parlementaire défini par Boris Johnson rend improbable que les députés opposés à une sortie sans accord de l'Union européenne puissent faire voter des lois pour empêcher un Brexit sans accord le 31 octobre.
"Sombre journée"
Si le Parlement britannique est traditionnellement suspendu plusieurs semaines en septembre en raison des conférences annuelles des partis politiques, l'extension de cette suspension jusqu'au 14 octobre, 12 jours après la fin de la dernière conférence, celle du parti tory, a provoqué des réactions outragées de l'opposition, qui a dénoncé une manoeuvre "antidémocratique".
"Cette action est un affront particulièrement scandaleux à notre démocratie. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire", a tweeté Tom Watson, chef adjoint du Labour, principal parti d'opposition, tandis que la cheffe du groupe des Indépendants Anna Soubry, ancienne députée conservatrice, a jugé que la démocratie était "menacée par un Premier ministre impitoyable".
"Il semble donc que Boris Johnson soit sur le point de fermer le Parlement pour imposer un Brexit sans accord. À moins que les députés ne s'unissent pour l'en empêcher la semaine prochaine, aujourd'hui entrera dans l'histoire comme une sombre journée pour la démocratie britannique", a réagi sur Twitter la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon.
Boris Johnson a défendu sa décision en affirmant sur Sky News que le calendrier fixé "laissera amplement le temps aux députés de débattre de l'UE et du Brexit".
Mais pour la cheffe du parti libéral démocrate, Jo Swinson, Boris Johnson a fait preuve de "lâcheté". "Il sait que les gens ne choisiraient pas le +no deal+ et que les représentants élus ne le permettraient pas. Il tente d'étouffer leurs voix", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Mardi, les chefs de file des partis d'opposition s'étaient réunis pour convenir d'une stratégie commune afin d'éviter un "no deal" en votant une loi dans ce sens.
Boris Johnson veut à tout prix quitter l'UE, avec ou sans accord de divorce, une position qui divise profondément le Royaume-Uni, jusque dans son camp conservateur, dont une partie souhaite le maintien de liens étroits avec l'UE. Une césure brutale fait craindre des pénuries alimentaires, de carburant et de médicaments, ainsi que le rétablissement de droits de douane.
Londres et l'UE s'opposent sur le sort de la future frontière irlandaise, qui séparera le Royaume-Uni du marché unique européen, tout en se disant prêts à en discuter.
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