Loin de baisser le ton, M. Bolsonaro a pris le parti de l'escalade dans la polémique agressive qui enfle de jour en jour entre le Brésil et la France, alors que les incendies en Amazonie ont provoqué une indignation internationale, mis son pays en difficulté et menacent un accord de libre-échange UE-Mercosur négocié depuis 20 ans.
M. Bolsonaro a toutefois reçu le "soutien sans réserve" du président américain Donald Trump. "Il travaille très dur sur les feux en Amazonie et, à tous égards, fait un très bon boulot pour le peuple brésilien. Pas facile", a tweeté le locataire de la Maison Blanche.
Mais à Brasilia, Jair Bolsonaro apostrophait Emmanuel Macron.
"Monsieur Macron doit retirer les insultes qu'il a proférées contre ma personne", a déclaré à quelques journalistes le président brésilien, évoquant les accusations de son homologue selon lesquelles il avait "menti" sur ses engagements environnementaux.
"D'abord il m'a traité de menteur et ensuite, d'après mes informations, il a dit que notre souveraineté sur l'Amazonie était une question ouverte", a dit Jair Bolsonaro avant de rencontrer les neuf gouverneurs d'Etats d'Amazonie.
M. Bolsonaro, ex-capitaine de l'armée et climatosceptique assumé, évoque souvent "notre Amazonie" et a accusé M. Macron d'avoir une "mentalité colonialiste".
Au dernier jour du sommet de Biarritz (sud-ouest de la France), Emmanuel Macron s'était interrogé sur l'opportunité de conférer un statut international à la forêt amazonienne, au cas où les dirigeants de la région prennent des décisions nuisibles pour la planète.
"Avant de discuter et d'accepter quoi que ce soit de la France" M. Macron "doit retirer ses paroles et à partir de là, nous pourrons parler", a insisté le président brésilien.
Interrogé sur ces déclarations, la présidence française n'a pas souhaité commenter.
Lundi soir, Brasilia avait rejeté sèchement l'aide de 20 millions de dollars proposée par le G7 pour combattre les incendies, en conseillant au président français de s'occuper "de sa maison et de ses colonies".
"Nous remercions (le G7 pour son offre d'aide, ndlr), mais ces moyens seront peut-être plus pertinents pour la reforestation de l'Europe", a déclaré le chef de cabinet, Onyx Lorenzoni.
Ce dernier avait raillé Paris pour ne pas avoir pu empêcher, en avril, l'"incendie prévisible" de la cathédrale Notre-Dame, "patrimoine de l'humanité".
"Question familiale"
Lundi M. Macron avait qualifié de "propos extraordinairement irrespectueux à l'égard de (son) épouse" un commentaire de Jair Bolsonaro à un post sur Facebook offensant à l'égard de la première Dame, apparemment inédit dans des relations entre chefs d'Etat.
Interrogé mardi sur cette affaire, M. Bolsonaro a confirmé avoir mis lui-même le commentaire endossant ce post qui montrait Brigitte Macron sur une photo très désavantageuse. Mais il n'a pas souhaité aborder une "question familiale" et a menacé de mettre fin à sa rencontre avec les journalistes s'"ils insistaient".
L'écrivain brésilien Paulo Coelho a demandé pardon après les attaques du président Bolsonaro, comme de nombreux internautes au Brésil, qui exprimaient leur honte, sous le mot-clé #DisculpaBrigitte (Pardon, Brigitte).
"Pardonnez-moi, pardonnez-moi mille fois", a écrit Paulo Coelho.
"Jair Bolsonaro a la mentalité d'un pré-adolescent imbécile et totalement immature", écrivait un internaute, "il n'a aucunement la posture d'un chef d'Etat. J'éprouve une honte énorme".
"Nous voudrions une Première dame comme vous: élégante, intelligente et qui fasse réellement quelque chose d'utile pour son pays", écrivait un autre. "Mais nous avons l'épouse-trophée d'un vieil idiot qui ne sait pas tenir sa langue".
Toutefois le président d'extrême droite bénéficiait dans ses empoignades avec Paris d'un fort soutien de la sphère bolsonariste, très mobilisée sur les réseaux sociaux.
Difficultés respiratoires
Sur le terrain, les nouveaux départs de feu ont encore progressé lundi, apportant un démenti à l'affirmation la veille du ministre de la Défense Fernando Azevedo e Silva selon lequel les incendies en Amazonie étaient "sous contrôle" après le déploiement de l'armée.
Quelque 1.659 nouveaux départs de feu ont été recensés au Brésil par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) en 24 heures. Au total, 82.285 feux de forêt ont été répertoriés au Brésil depuis le début de l'année, dont plus de la moitié en Amazonie.
A Porto Velho, capitale de l'Etat amazonien de Rondônia, un peu de pluie a allégé l'atmosphère très lourde ces derniers jours des fumées, qui ont conduit de nombreux habitants à consulter pour difficultés respiratoires.
Près de 2.500 hommes et une quinzaine d'avions, dont deux bombardiers d'eau C-130 Hercules étaient mobilisés en Amazonie contre ces feux touchant aussi gravement la Bolivie frontalière du président Evo Morales, qui a accepté l'aide internationale.
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