Les chefs de file des partis d'opposition ont eu une réunion "productive" destinée à bloquer un Brexit sans accord qui serait "désastreux", selon un communiqué commun diffusé à l'issue de la rencontre.
"Les participants se sont accordés sur l'urgence d'agir ensemble pour trouver des moyens pratiques d'éviter une absence d'accord, dont la possibilité de voter une loi et la défiance" contre le gouvernement, ont ajouté le Labour, le Parti national écossais (SNP), les libéraux-démocrates, le Plaid Cymru (Pays de Galles), les Verts et le Groupe indépendant pour le changement.
Cette annonce a fait grimper la livre sterling. Vers 15H00 GMT (17H00 à Paris), elle augmentait d'environ 0,50% à 90,44 pence pour un euro et à 1,2277 dollar pour une livre.
Boris Johnson ne dispose que d'une majorité d'une voix au Parlement et il n'a pas écarté la possibilité de suspendre l'assemblée pour empêcher les députés de bloquer un "no deal".
Pour marquer leur opposition à une telle suspension, des députés ont organisé une autre rencontre mardi au Parlement.
"Toute tentative d'empêcher le Parlement de siéger, pour imposer un Brexit sans accord, se heurtera à une résistance démocratique forte et générale", ont prévenu dans une déclaration commune les députés. Parmi ces députés -- au nombre de 160 selon le travailliste Stephen Doughty -- figurent des poids lourds de l'opposition comme le travailliste John McDonnell ou la cheffe du parti libéral-démocrate Jo Swinson.
"Suspendre le Parlement à un moment aussi crucial pour notre pays constituerait une offense à la démocratie et une crise constitutionnelle historique", ont-ils insisté.
"Seul accord acceptable"
Boris Johnson veut à tout prix quitter l'UE, avec ou sans accord de divorce, une position qui divise profondément le Royaume-Uni, jusque dans son camp conservateur, dont une partie souhaite le maintien de liens étroits avec le club européen. Une césure brutale fait craindre des pénuries alimentaires, de carburant et de médicaments, ainsi que le rétablissement de droits de douane.
Londres et l'UE s'opposent sur le sort de la future frontière irlandaise, qui séparera le Royaume-Uni du marché unique européen, tout en se disant prêts à en discuter.
M. Johnson devait s'entretenir au téléphone mardi avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et il a dépêché son conseiller David Frost à Bruxelles pour des discussions mercredi, selon une porte-parole de l'exécutif européen, Mina Andreeva.
De son côté, le Parti du Brexit, emmené par l'eurodéputé europhobe Nigel Farage, s'est mis en ordre de bataille en présentant mardi ses candidats à d'éventuelles élections législatives anticipées, un scénario de plus en plus évoqué.
"Le +no deal+ est le meilleur accord, le seul accord acceptable", a lancé M. Farage, une figure clé de la campagne référendaire sur le Brexit en 2016, applaudi par plus de 500 candidats potentiels à Londres. Il a souligné que lui-même se présenterait aussi.
Son parti, arrivé en tête des élections européennes en mai, a promis de disputer tous les sièges détenus par les Tories si Boris Johnson faisait un compromis avec Bruxelles.
Le "joug de Trump"
A l'opposé, le Labour, la principale formation de l'opposition, fera "tout ce qui est nécessaire" pour empêcher un "no deal", avait prévenu Jeremy Corbyn avant la réunion dans le journal The Independent.
Il avait également mis en garde contre les risques d'un "no deal" favorable au président américain Donald Trump qui, ardent défenseur d'un Brexit sans concession, a promis à M. Johnson "un très grand accord commercial, rapidement" après le retrait. Une sortie de l'UE sans accord "ne nous rendra pas notre souveraineté, cela nous mettra sous le joug de Trump et des grosses entreprises américaines", s'était inquiété Jeremy Corbyn.
Selon lui, des élections anticipées seraient le meilleur moyen de contrecarrer un Brexit sans parachute. Les travaillistes feraient alors campagne pour un nouveau référendum sur l'appartenance à l'UE.
Les Britanniques ont voté en 2016 à 52% en faveur d'un divorce avec l'UE, mais sa date a été déjà repoussée deux fois faute d'approbation au Parlement britannique des conditions de sa mise en oeuvre.
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