Dans l'Etat de Rondônia (nord-ouest), frontalier de la Bolivie, la ville de Porto Velho restait couverte de larges nuées de fumées lundi, malgré la mobilisation depuis dimanche par l'armée de deux avions C-130 Hercules.
Outre les appareils des forces aériennes, des dizaines de pompiers y ont été dépêchés pour lutter contre la progression des flammes. Le Brésil a également accepté l'aide d'Israël, qui a proposé d'envoyer un avion.
Jusqu'à présent, sept Etats, dont celui de Rondônia, ont fait appel à l'armée, dont 43.000 soldats basés en Amazonie. Mais le nombre des soldats réellement déployés sur le terrain et leur mode d'intervention restaient flous.
Dimanche, 1.113 nouveaux départs de feu ont été recensés au Brésil par l'Institut national de recherche spatiale (INPE).
Outre le déploiement de l'armée, le président brésilien Jair Bolsonaro, sous une intense pression internationale depuis plusieurs jours, a ordonné une enquête sur des producteurs ruraux de l'État de Para (nord) accusés d'avoir organisé une "journée du feu" le 10 août en soutien aux efforts du président d'extrême droite pour affaiblir la surveillance de la protection environnementale.
Face à l'aggravation des incendies dans une forêt vitale pour la planète, les sept pays les plus industrialisés, réunis au G7 à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, ont promis de débloquer d'urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d'eau supplémentaires.
"Les pays d'Amazonie ont besoin d'ugence de brigades de sapeurs pompiers et d'avions spécialisés bombardiers d'eau", a déclaré le président chilien Sebastian Pinera, invité du G7.
En Bolivie, où d'importants incendies ont ravagé plus d'un million d'hectares depuis mai au confins du Brésil et du Paraguay, le gouvernement a dû louer un avion bombardier d'eau à une entreprise américaine, pour lutter contre des feux devenus incontrôlables.
Statut international
Le G7 a également annoncé un plan d'aide pour la reforestation de la plus grande forêt tropicale du monde, sous l'égide de l'ONU. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis 10 millions de livres pour aider à la reforestation.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, présent à Biarritz, a toutefois pressé la communauté internationale de "mobiliser bien plus de ressources pour aider les pays de l'Amazonie".
Le président français, qui avait annoncé sa volonté de faire de l'Amazonie une priorité du G7, s'est même interrogé sur l'opportunité de conférer un statut international à la forêt amazonienne, au cas où les dirigeants de la région prennent des décisions nuisibles pour la planète.
Une allusion claire au président brésilien, avec lequel les relations sont de plus en plus conflictuelles, qui a accusé M. Macron une nouvelle fois de "colonialisme".
"Nous ne pouvons accepter qu'un président, Macron, lance des attaques déplacées et gratuites contre l'Amazonie, ni qu'il déguise ses intentions derrière l'idée d'une +alliance+ de pays du G7 pour +sauver+ l'Amazonie, comme si c'était une colonie", a tweeté Jair Bolsonaro.
"Le respect de la souveraineté de quelque pays que ce soit est le minimum qu'on puisse attendre dans un monde civilisé", a-t-il ajouté.
La veille, M. Macron avait déploré les propos "extraordinairement irrespectueux" du chef de l'Etat brésilien à l'encontre de son épouse Brigitte, disant espérer "très rapidement" que les Brésiliens "auront un président qui se comporte à la hauteur".
A la veille du G7, M. Macron avait déjà accusé M. Bolsonaro de lui avoir "menti" sur ses engagements en matière d'écologie et annoncé que la France s'opposait désormais à l'accord controversé de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, un groupe de pays sud-américains, dont le Brésil.
Au total, près de 80.000 feux de forêt ont été répertoriés depuis le début de l'année -- un plus haut depuis 2013 -- dont plus de la moitié en Amazonie.
L'Amazonie, dont 60% de la surface se trouve au Brésil, s'étend aussi en Bolivie, Colombie, Equateur, Guyane française, Guyana, Pérou, Suriname et Venezuela.
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