Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a affirmé dimanche que Donald Trump avait bien l'autorité d'exiger de la part des entreprises américaines de trouver des alternatives à leur production ou approvisionnement en Chine, mais "il ne l'a pas fait".
Interrogé par Fox News alors qu'il participait au sommet du G7 en France, M. Mnuchin a affirmé que Donald Trump "aurait le pouvoir" de demander aux compagnies de quitter la Chine "en vertu de la loi IEEPA (International Economic Emergency Power Act) s'il déclarait une urgence".
Mais "il ne l'a pas fait", a poursuivi le ministre des finances de Donald Trump.
"Je pense que ce qu'il disait, c'est ordonner aux entreprises de commencer à chercher (des solutions) dans la mesure où nous sommes dans une guerre commerciale prolongée", a-t-il affirmé.
"Nous voulons que les entreprises fassent des affaires avec des partenaires commerciaux qui nous respectent et commercent avec nous de manière équitable", a-t-il ajouté.
Furieux de la contre-attaque de Pékin qui a annoncé vendredi de nouveaux tarifs douaniers sur 75 milliards de dollars de biens américains, Donald Trump a opté pour la surenchère, promettant de taxer la quasi-totalité des importations de Chine d'ici la fin de l'année.
Mais surtout, il a "ordonné", dans un tweet, aux sociétés américaines "de commencer immédiatement à chercher des alternatives à la Chine, y compris de rapatrier vos sociétés et de fabriquer vos produits aux Etats-Unis". Cette déclaration a fait plonger Wall Street vendredi pour sa deuxième pire séance de l'année.
Selon M. Mnuchin, Donald Trump s'appuie sur une loi adoptée en 1977 dans le sillage du scandale du Watergate qui donne au président américain l'autorité de réguler un grand nombre de transactions économiques après avoir prononcé un état d'urgence. Ce texte n'a jamais été utilisé pour peser dans un conflit commercial.
Cette loi peut permettre d'interdire certains transferts de fonds à condition d'être précédée par une déclaration d'état d'urgence, a précisé Jennifer Hillman, professeure de droit à l'Université de Georgetown, interrogée par le Washington Post. Mais selon elle, le texte ne peut pas exiger de revenir sur des investissements déjà effectués.
"Rien dans les cartons"
Le principal conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, interrogé dimanche également depuis la France, a lui aussi assuré que le président "avait le pouvoir" d'interdire aux compagnies américaines de commercer avec la Chine mais que "rien de tel n'est pour l'instant dans les cartons".
"Ce qu'il suggère aux entreprises américaines, (...) c'est: vous devriez penser à transférer vos opérations et vos chaînes d'approvisionnement hors de Chine et deuxièmement, nous aimerions que vous reveniez à la maison", a affirmé M. Kudlow sur CNN.
Selon le conseiller politique de Donald Trump, Stephen Miller, "les entreprises américaines ne devraient pas être totalement dépendantes de la Chine". "Ce n'est pas un bon investissement à long terme", a-t-il même averti sur Fox News.
En fait certaines entreprises d'habillement ou d'électronique ont déjà commencé à réformer leur approvisionnement et à chercher des sites de production ailleurs qu'en Chine dans des pays à bas salaires mais les industriels soulignent que ces démarches prennent du temps.
La Fédération des détaillants, gros importateur d'articles "made in China", a vivement réagi vendredi affirmant qu'il était "impossible" pour les entrepreneurs "de planifier l'avenir dans ce type d'environnement".
"Il est clair que l'approche de l'administration ne fonctionne pas et la réponse n'est pas dans la surenchère de taxes douanières à l'encontre des entreprises et consommateurs américains. Quand va-t-on en voir la fin ?", s'est alarmée dans un communiqué la Fédération de la distribution, qui partage pourtant les préoccupations du gouvernement Trump sur les pratiques commerciales chinoises accusées d'être "déloyales".
Mais la proclamation de Donald Trump était aussi vue comme l'expression d'une "frustration" plutôt que comme un ordre auquel obtempérer.
"C'est un système capitaliste et, que les présidents le veuillent ou non, les entreprises décident ce qu'elles font ou non, ce qu'elles achètent ou pas, dans quel endroit elles fabriquent leurs produits", écrivait Gerald Seib, un éditorialiste du Wall Street Journal.
Malgré cette intensification du bras de fer entre Pékin et Washington, Larry Kudlow a assuré que les négociations se poursuivaient et que la rencontre avec la délégation chinoise à Washington "à un certain moment en septembre" était toujours d'actualité.
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