Cette nouvelle procédure a conduit le parquet de Paris à délivrer le 26 juillet un réquisitoire supplétif dans l'enquête visant l'intellectuel musulman pour "viol en réunion" et "menaces ou actes d'intimidation pour déterminer une victime à ne pas porter plainte ou à se rétracter", a-t-on appris dimanche de source judiciaire, confirmant des informations du Journal du dimanche et d'Europe 1.
Il revient désormais aux juges d'instruction en charge de l'enquête de prononcer ou non une nouvelle mise en examen pour ces faits, et éventuellement de demander à un juge des libertés et de la détention (JLD) la révocation de son contrôle judiciaire, ordonné en novembre après quasi dix mois en prison.
Selon le JDD et Europe 1, cette plainte a été déposée fin mai par "une femme, aujourd'hui âgée d'une cinquantaine d'années, qui travaillait alors comme journaliste radio". Elle accuse l'intellectuel musulman de viol en réunion avec "une personne de son staff" lors d'une rencontre pour une interview réalisée le 23 mai 2014 dans la chambre d'hôtel de M. Ramadan, au Sofitel de Lyon.
"C'est allé très vite, c'était d'une violence inouïe", a déclaré à la justice la plaignante, selon des propos cités par le JDD et Europe 1, racontant avoir été violée plusieurs fois par les deux hommes. Alors qu'elle avait menacé M. Ramadan de porter plainte avant de quitter la chambre d'hôtel, ce dernier lui aurait répondu: "tu ne sais pas à quel point je suis puissant".
Selon la plainte, la femme aurait par ailleurs été contactée par M. Ramadan sur l'application Messenger le 28 janvier 2019 - soit deux mois après être sorti de prison - affirmant qu'il voulait lui faire une "proposition", "sur le plan professionnel", message auquel elle n'aurait pas répondu.
- "Idées mal intentionnées" -
Elle raconte avoir reçu le lendemain la visite de deux hommes. "Ils m'ont dit que Tariq Ramadan avait essayé de me joindre […] et si j'avais les idées mal intentionnées ils pouvaient arranger ça", a-t-elle affirmé.
Cette figure aussi influente que controversée de l'islam européen est déjà accusée par trois femmes en France et une autre en Suisse.
Depuis février 2018, il est mis en examen pour deux viols, dont un sur personne vulnérable, des accusations qu'il conteste: en octobre 2009 à Lyon sur une femme surnommée Christelle dans les médias et, au printemps 2012 à Paris, sur une ancienne salafiste devenue militante laïque, Henda Ayari.
Pour la troisième plainte, il est actuellement placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
Mi-novembre, le prédicateur, qui souffre d'une sclérose en plaques, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français. Il a dû verser une caution préalable de 300.000 euros et remettre son passeport suisse.
Le 19 mars, la cour d'appel de Paris a maintenu les mises en examen qu'il souhaitait voir levées, pointant sa volonté de "dissimuler la réalité" de ses relations avec ses accusatrices. En effet, après avoir nié pendant des mois tout rapport sexuel avec ses accusatrices, il avait fait volte-face à l'automne et plaidé des relations "consenties".
M. Ramadan, qui aura lundi 57 ans, doit par ailleurs être entendu à l'automne à Paris par un procureur helvète en vue d'une éventuelle inculpation dans l'enquête ouverte en Suisse.
Contacté par l'AFP, l'avocat de M. Ramadan était injoignable dimanche à la mi-journée.
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