Q: Le mouvement ne semble pas faiblir, quelles sont les options du gouvernement de Hong Kong ?
R: Selon moi, il y a trois options majeures: une énorme répression, soit avec l'Armée populaire de libération ou autre, une concession suffisamment importante qui permettrait de finalement calmer le mouvement, ou l'usure. Depuis deux mois et demi, l'usure a eu la préférence, ils ne veulent pas de répression, ni de concession. Ils veulent que le mouvement se dissipe.
A considérer ce qui s'est produit avec le mouvement des Parapluies en 2014, ils avaient misé sur l'usure et dans un sens, ça a marché. Mais à mon avis, cette fois ça ne pas le cas. Le mouvement se dissipera-t-il d'ici six mois ? Personne ne sait. Se dissipera-t-il le mois prochain ? Je ne le pense pas, car des deux côtés on estime avoir encore des cartes à jouer.
Carrie Lam (la dirigeante de l'exécutif hongkongais, ndlr) dit qu'ils essaient d'établir une soi-disant plateforme de dialogue mais en attendant, ils emploient de nombreuses méthodes de répression en coulisses.
L'idée étant bien sûr, grâce à ce cocktail, de tenter de supprimer le mouvement, espérant que les individus très, très modérés se rangent à cette idée de dialogue, les gens redoutant d'y perdre à trop soutenir le mouvement.
Q: Le choix du gouvernement restant celui de l'usure, et si cela ne marchait pas ?
R: C'est très difficile à dire, la question reste ouverte. Le gouvernement a tenté plusieurs méthodes depuis juillet, qui n'ont pas marché. Pourquoi présumer que leur stratégie pourrait à présent payer ? Et si cela ne marche pas, il n'en reste pas moins que le gouvernement chinois devra prendre une décision.
Après les rassemblements, les affrontements avec la police, la manifestation à l'aéroport etc., un appel à la grève étudiante a été lancé pour la rentrée, à l'évidence, les actions vont se poursuivre au moins jusqu'à la fin septembre. D'autant que le 5e anniversaire du début du mouvement des Parapluies est le 28 septembre et que le 1er octobre, c'est le 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine. Il est simplement impossible d'imaginer que le mouvement puisse cesser d'ici là. Il n'y aurait aucun sens à mettre un terme au mouvement, à moins que le gouvernement n'accorde une très grosse concession.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement devra finir par prendre une décision. Seulement le champ des concessions s'étend de plus en plus. Et n'oublions pas aussi le coût de concessions pour le gouvernement de Pékin. Le problème ne concerne pas seulement Hong Kong, car ces deux ou trois dernières semaines, Pékin et les médias chinois ont monté l'opinion ultra-nationaliste chinoise contre Hong Kong. Un revirement devient en fait très, très difficile pour Pékin désormais.
Q: L'option de la répression dure est-elle envisageable ?
Beaucoup à Hong Kong, y compris les universitaires et les commentateurs estiment que les enjeux sont trop élevés pour que le gouvernement chinois finisse par déployer l'armée. Parce qu'il annoncerait en gros la mort du statut spécial de Hong Kong, "Un pays deux systèmes", et du centre financier international. La Chine, la première, en subirait gravement le préjudice. Quel intérêt pour les Chinois de perdre Hong Kong ? Ils se priveraient de l'ouverture qui les relie à l'économie internationale. Hong Kong joue un rôle très important, Hong Kong détient un vrai rôle clé que seule Hong Kong peut jouer et seulement sous statut "Un pays deux systèmes". Donc si Hong Kong meurt (…) l'économie et le système financier de la Chine s'effondrent.
Le mouvement est parfaitement conscient que la répression du gouvernement chinois serait une très, très mauvaise idée. C'est pourquoi les jeunes contestataires utilisent l'expression cantonaise qui signifie littéralement "Nous brûlerons ensemble", si le gouvernement chinois envoie des troupes. Pour eux, la situation est déjà mauvaise mais les Chinois, eux, ont tout à perdre. C'est du moins leur calcul.
Il n'y a pas de solution évidente au problème.
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