Sous un grand soleil estival et dans une ambiance décontractée, des manifestants de tous bords, ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques unis dans l'alliance #Unteilbar ("indivisible" en français) ont manifesté au cœur de la ville.
La mobilisation a semblé dépasser les attentes des organisateurs. Sous le mot d'ordre "Solidarité au lieu de rejet: pour une société ouverte et libre", le défilé a rassemblé selon eux 35.000 personnes quand ils en espéraient environ 10.000.
La police a annoncé qu'elle ne fournirait aucune estimation.
- Diversité -
Dans le cortège où fleurissaient des pancartes telles que "le racisme n'est pas une alternative" ou "Pas de place pour les nazis", Janna Rakowski, une enseignante de 27 ans venue de Berlin, a expliqué à l'AFP espérer qu'"il y ait en Allemagne beaucoup de gens qui s'engagent pour la diversité".
"Je veux montrer aux habitants de Dresde qu'ils ne sont pas seuls dans la lutte contre le racisme (...). Nous voulons montrer notre solidarité dans cette situation particulière avant les élections en Saxe", a ajouté la jeune femme.
"Nous voulons faire quelque chose contre le climat politique (actuel) et soutenir les gens qui, au quotidien, s'opposent à la haine et à la violence", a également indiqué la porte-parole des organisateurs, Susann Riske, au milieu de ce rassemblement bariolé composé de jeunes, de familles mais aussi de retraités.
Le contexte est tendu, alors que les sondages prévoient un nouveau succès électoral pour le parti anti-migrants Alternative pour l'Allemagne (AfD) aux scrutins du 1er septembre, en Saxe et dans le Land voisin de Brandebourg.
Selon les dernières enquêtes, la formation d'extrême droite pointe en deuxième position dans son bastion saxon, derrière les conservateurs de la CDU, le parti d'Angela Merkel. Avec des intentions de vote autour de 24%, l'AfD pourrait plus que doubler son score par rapport à 2014.
- Très insatisfaits -
"Les gens sont très insatisfaits (...) Les grands partis ont saboté leurs chances", a jugé une retraitée de Dresde, Greta Schmidt, 66 ans, présente au rassemblement avec une pancarte "Les mamies contre (l'extrême) droite".
Dans le Brandebourg, l'AfD fait jeu égal avec les sociaux-démocrates (SPD), qui dirigent l'exécutif local depuis la Réunification, en 1990.
Une victoire dans l'une ou l'autre région serait une première pour ce parti, né en 2013.
Ces élections, auxquelles s'ajouteront celles de Thuringe fin octobre, seront "l'heure de vérité pour la démocratie", estiment les organisateurs, brandissant le spectre d'une participation de l'AfD à une coalition gouvernementale régionale.
Cette perspective est rejetée catégoriquement toutefois par tous les autres partis.
Le chef de file de l'AfD en Saxe, Nico Köhler, a jugé durant un meeting électoral samedi à Chemnitz (Saxe) qu'on ne devait pas "exclure quelqu'un du dialogue démocratique parce qu'on estime que ce qu'il pense est faux ou qu'il est dans le mauvais parti".
En octobre 2018, le collectif #Unteilbar avait fait sensation en rassemblant près de 250.000 personnes à Berlin pour défendre une société solidaire, quelques mois après les échauffourées xénophobes consécutives au meurtre d'un Allemand. Dans cette affaire, un réfugié syrien a été condamné jeudi à neuf ans et six mois de prison. Le principal suspect, un jeune Irakien, est toujours en fuite.
Entrée à la chambre des députés après les élections législatives de 2017, l'AfD a bâti son succès en surfant sur les inquiétudes des Allemands après l'afflux de plus d'un million de réfugiés en 2015 et 2016.
Depuis le moindre fait divers impliquant un migrant est prétexte à critiquer la politique migratoire d'Angela Merkel.
La rhétorique de l'AfD passe particulièrement bien dans l'ex-RDA communiste, délaissée par une grande partie de sa jeunesse et économiquement plus pauvre.
La nouvelle claque électorale qui menace les partis au pouvoir, après celle des élections européennes en mai, risque aussi de fragiliser un peu plus la grande coalition de la chancelière.
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