"Les tensions commerciales sont mauvaises pour tout le monde", a averti le président Emmanuel Macron, hôte du sommet qui s'ouvre dans la soirée à Biarritz (sud-ouest), lors d'une brève allocution télévisée.
Plus inattendu, le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson a aussi taclé le président américain avec qui il ambitionne pourtant de conclure un grand accord commercial une fois le Brexit acté.
"Je suis très inquiet (...). Ce n'est pas une manière de faire", a-t-il déclaré en pointant la guerre des droits de douane entre Pékin et Washington.
"Les guerres commerciales conduiront à la récession, alors que les accords commerciaux boostent l'économie", a renchéri le président du Conseil européen Donald Tusk.
Comme pour mieux cimenter ce front, les leaders européens du G7 - dont la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre démissionnaire italien Giuseppe Conte - se sont concertés dans l'après-midi avant l'ouverture formelle du sommet autour d'une dîner.
Le président américain a rejoint pour sa part dès son arrivée Emmanuel Macron pour un déjeuner en tête-à-tête improvisé de deux heures selon l'Elysée, l'occasion peut-être d'aplanir certains contentieux à l'ombre d'une élégante terrasse.
"Le temps est parfait. Nous ferons de grandes choses ce weekend", a promis Donald Trump devant les caméras, alors qu'Emmanuel Macron mettait l'accent sur la gravité des crises auxquelles le monde est confronté.
Les deux dirigeants ont eu des "éléments de convergence" sur les grands dossiers du G7 comme le commerce, l'Iran et les feux en Amazonie, a assuré dans la foulée la présidence française.
Le président américain, qui aime à jouer les trouble-fête, avait adopté un tout autre ton la veille dans une série de tweets tonitruants, visant notamment la taxe française sur les "GAFA" (Google, Amazon et autres géants américains).
"S'ils (les Français) le font, nous imposerons des droits de douane sur leurs vins", a-t-il lancé. "Des droits de douane comme ils n'en ont jamais vus", a-t-il averti.
L'Union européenne n'a pas tardé à riposter. "Si les Etats-Unis imposent des taxes, alors l'Union européenne répondra sur le même plan", a averti Donald Tusk.
"L'appel de la forêt"
Le président américain a aussi une nouvelle fois soufflé sur les braises de la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis à la Chine et qui plombe l'économie mondiale.
Après l'annonce vendredi par Pékin de nouveaux droits de douane, il a décrété que la totalité des 550 milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis seraient frappés de taxes encore plus lourdes d'ici à la fin de l'année.
"Les Etats-Unis subiront les conséquences de leurs actes", n'a pas manqué de répondre samedi un porte-parole du ministère chinois du Commerce.
Côté ambiance, Emmanuel Macron a soigné au millimètre la chorégraphie du sommet qui lui permet de peaufiner son image de leader de l'Europe face à une Angela Merkel en bout de course et un Royaume-uni "sortant".
Pendant trois jours, les sept dirigeants les plus influents du monde occidental vont multiplier les échanges informels dans le somptueux décor de Biarritz, ancien rendez-vous des têtes couronnées, avec en toile de fond un Atlantique bleu azur.
Anticipant d'inévitables divisions, Emmanuel Macron à renoncé à l'exercice du communiqué final, souvent péniblement négocié, pour des échanges francs et directs.
Autour de spécialités du Pays basque, les sept dirigeants se pencheront dès le dîner d'ouverture sur l'urgence du moment, l'embrasement de l'Amazonie, l'un des poumons verts de la Terre.
"Nous devons répondre à l'appel de l'océan et à l'appel de la forêt qui brûle aujourd'hui en Amazonie de manière très concrète", a lancé Emmanuel Macron, qui a aussi fait du climat un des enjeux du sommet.
Les discussions pourraient être houleuses alors qu'il a accusé le président brésilien Jair Bolsonaro, dont les positions climatosceptiques sont proches de celles de Donald Trump, d'avoir "menti" sur ses engagements sur le climat et d'"inaction" face à ces incendies.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk a reconnu qu'il serait "difficile d'imaginer" que l'UE puisse ratifier l'accord de libre-échange avec le Mercosur tant que le Brésil "permettra la destruction" de l'Amazonie.
Emmanuel Macron entend aussi mettre sur la table une autre pomme de discorde avec Donald Trump, l'accord sur le nucléaire iranien, que les Européens tentent de sauver malgré le torpillage américain.
Manifestation "anti" dans le calme
Autre rendez-vous très attendu, le premier tête-à-tête prévu dimanche matin entre Donald Trump et Boris Johnson, dont le président américain loue les qualités et les positions, notamment sur le Brexit.
Tout juste arrivé en France, Boris Johnson a réitéré sa position: l'UE doit "laisser tomber" le dispositif pour la frontière irlandaise (backstop), si elle veut éviter une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'UE.
Emmanuel Macron essaiera aussi d'obtenir des avancées dans la lutte contre les inégalités ou sur l'éducation en Afrique, en élargissant le cercle du G7 à des acteurs comme l'Inde et l'Australie.
Pendant ce temps, l'opposition au G7 continue de se mobiliser hors de Biarritz, devenue un véritable camp retranché inaccessible aux touristes comme aux manifestants avec plus de 13.000 forces de l'ordre en présence.
Plusieurs milliers "d'anti" - anticapitalistes et altermondialistes - ont pacifiquement défilé dans la matinée d'Hendaye à la ville frontière espagnole d'Irun, démentant les craintes de débordement des autorités après la mobilisation sociale des "gilets jaunes" cet hiver en France.
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