Les investigations devront permettre de "mettre au jour d'éventuelles infractions commises non seulement sur le territoire national, mais aussi à l'étranger au préjudice de victimes françaises" ainsi que d'éventuels "auteurs de nationalité française", a expliqué dans un communiqué le procureur de Paris, Rémy Heitz.
Cette enquête a également été ouverte pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes" et "association de malfaiteurs en vue de commettre des délits punis d'au moins 5 ans d'emprisonnement", a-t-il précisé.
Il a ajouté que le parquet avait pris sa décision au terme de "vérifications et recoupements effectués sur la base des éléments" qui lui avaient été transmis et d'"échanges" avec les autorités américaines compétentes.
L'association Innocence en danger, qui avait transmis un signalement au parquet dès fin juillet puis appelé dans une lettre ouverte, deux jours après la mort d'Epstein, à ouvrir une enquête, s'est félicitée de cette annonce.
Dans un communiqué, elle a indiqué qu'elle réserverait "à l'autorité judiciaire la teneur des informations et témoignages dont elle a été rendue destinataire au cours des dernières semaines".
Jeudi, cette association de protection de l'enfance avait affirmé avoir reçu dix témoignages émanant principalement de victimes d'actes "commis sur le sol français" en lien avec le multimillionnaire mort à l'âge de 66 ans, qui possédait un appartement à Paris et se rendait régulièrement en France.
Au sein du gouvernement, les secrétaires d'Etat Marlène Schiappa (Egalité femmes/hommes) et Adrien Taquet (Protection de l'enfance) avaient réclamé l'ouverture d'une enquête en France, deux jours après le suicide par pendaison du financier dans sa cellule new-yorkaise le 10 août.
Epstein avait été arrêté le 6 juillet et inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005 au moins, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles, certaines collégiennes, avec lesquelles il aurait eu des rapports sexuels contraints dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride.
"Cadeau d'anniversaire"
Dans un témoignage datant de 2011 mais récemment rendu public aux Etats-Unis, une plaignante accusait déjà le financier et jet-setter d'avoir abusé de très jeunes Françaises qui lui avaient été envoyées comme "cadeau d'anniversaire surprise".
Selon des médias anglo-saxons, elle assurait également que ces jeunes filles avaient été envoyées aux Etats-Unis par un ancien proche d'Epstein, le Français Jean-Luc Brunel.
Le nom de M. Brunel, fondateur des agences de mannequins Karin Models et MC2 Model Management, était apparu dès la première enquête ouverte aux Etats-Unis contre Epstein et close en 2007, au terme de laquelle le financier avait plaidé coupable de sollicitation de prostituées. Il avait alors écopé de 13 mois de prison.
Selon deux plaignantes, M. Brunel jouait alors le rôle de rabatteur pour Epstein, amenant aux Etats-Unis des "jeunes filles" venues de milieux modestes en leur faisant miroiter des jobs dans le mannequinat.
A l'époque, des messages troublants avaient été retrouvés par la police de Floride, dont celui-ci, noté en 2005 après un coup de fil de "Jean-Luc" : "Il a une prof pour vous, pour vous apprendre à parler russe. Elle a 2x8 ans, pas blonde".
Virginia Giuffre, une des principales plaignantes de l'affaire Epstein, a par ailleurs affirmé avoir été forcée à avoir des rapports sexuels avec M. Brunel.
En 2015, alors en froid avec Epstein, M. Brunel avait annoncé des actions en France et aux Etats-Unis pour dénoncer ces "allégations" mais aucune de ces procédures n'a prospéré.
Aujourd'hui disparu des radars, le septuagénaire a toutefois été aperçu début juillet dans une soirée huppée près de Paris.
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