"OHHHHH, da Alshokhol! great job! Bravo!", "Merci Malte", "Merci SOS", "Merci à tous", une explosion de bonheur manifestée bras levés, têtes chavirées et corps enlacés par les très jeunes gens qui composent la majorité des personnes recueillies, après avoir fui la Libye sur des canots pneumatiques qui leur garantissaient bien peu d'avenir.
"Nous ne retournerons jamais!" ont aussitôt entonné des Soudanais, qui comptent pour les deux tiers des groupes secourus au fil de quatre sauvetages opérés par les marins de SOS Méditerranée, entre le 9 et le 12 août.
Jay Berger, le coordinateur de la mission de Médecins sans Frontières les a réunis à la mi-journée après la distribution des rations de vivres dans un des conteneurs transformés en abri sur le pont. Il prévoyait de procéder par petits groupes le long du pont mais dans ce monde clos, aucun secret - surtout de cette ampleur - ne saurait être ménagé.
Ils se sont donc tous massés pour l'écouter annoncer, d'abord en anglais, la nouvelle de leur débarquement imminent.
Traduit en anglais et en français, chaque énoncé a suscité la même explosion de bonheur, de cris, de youyous et d'applaudissements.
La joie a largement débordé le porte-conteneur, déferlant sur le pont de bois où tous dorment, serrés, dans la promiscuité, depuis près de deux semaines.
"Merci mama!": les jeunes se sont rapidement portés vers l'équipe médicale de MSF, embrassant et soulevant l'infirmière de MSF, Mary Jo, qui a pris soin d'eux depuis leur arrivée à bord.
Ils se sont ensuite succédé pour étreindre les sauveteurs de SOS, Tanguy, Clément, Antonin, Basile, Eric, Alessandro et les autres, portés en triomphe au-dessus des têtes, les cinq bébés et enfants du bord hissés sur les épaules.
Larmes de marins
L'Espagnol Marco, l'un des marins, avoue son émotion. "It's made me crying, j'en ai pleuré". "On ne s'habitue jamais" a confirmé son compère, Jérémie. "Comment peut-on s'habituer à l'amour ?".
L'équipage philippin s'est joint à la fête, dont le cuisinier, très ému lors du premier sauvetage. Le capitaine norvégien, un vieux routier de l'Afrique de l'ouest, est descendu de la passerelle pour se réjouir avec cette foule débordante de bonheur.
Dans un tweet, le Premier ministre maltais Joseph Muscat a précisé que le débarquement se ferait au large, par transfert des candidats à l'immigration sur des vedettes de ses garde-côtes.
Aucun des intéressés n'a même songé à demander "quand ?" les opérations pourraient commencer, ni relevé que l'Ocean Viking n'était pas autorisé à accoster à Malte.
Quelle importance pour tous ces jeunes gens fuyant la violence qui n'aspirent qu'à "la sécurité, à étudier et travailler afin de pouvoir envoyer de l'argent aux familles".
Aucune autre précision n'a été immédiatement apportée au déroulé, ni au calendrier des opérations.
Cet ultime transfert, qui les amène enfin Europe, sera le dernier avant la terre ferme après ceux qui les ont conduits lors des opérations de sauvetage de leur canot pneumatique au Zodiac des secours, puis jusqu'au pont de l'Ocean Viking (OV).
L'OV, qui patientait depuis douze jours entre Malte et Lampedusa, devrait arriver vers 16h00 (14H00 GMT) à 15 miles nautiques (environ 28 km) des côtes maltaises - hors des eaux nationales où il ne peut entrer - et où il attendra les instructions, a annoncé SOS Méditerranée.
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