"C'est quoi le pouvoir d'un maire ? Un maire peut-il ignorer la santé de ses habitants ?", a interrogé Daniel Cueff à l'audience en invoquant le principe de précaution. "Une directive européenne impose depuis 2009 à la France de prendre des mesures pour protéger les habitants de l'épandage de pesticides mais rien n'est fait", a-t-il plaidé, rappelant qu'il n'avait "pas interdit les pesticides mais imposé une distance d'éloignement entre les champs traités et les habitations".
Invoquant tant des arguments juridiques, dont une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la "compétence du maire à agir en cas de carence de l'Etat", que s'appuyant sur des rapports de santé publique montrant la dangerosité des pesticides sur la santé humaine, le maire de cette petite commune de 602 habitants a appelé le tribunal à "préserver une décision qui va dans le sens de l'histoire".
"Il y a un mouvement de fond sans précédent, les gens en ont marre de respirer des pesticides", a-t-il ajouté, citant un sondage Ifop selon lequel "96% des Français" approuvent sa décision.
De leur côté, les représentants de l'Etat ont plaidé l'incompétence du maire à prendre des décisions dans un domaine qui incombe aux ministres de l'Agriculture, de la Santé et de l'Environnement.
La décision du tribunal sera connue en début de semaine prochaine.
Devant le tribunal, entre 700, selon la police, et plus d'un millier de personnes, selon le collectif de soutien, s'étaient rassemblées pour soutenir l'édile breton. Dans la foule, de nombreuses organisations écologistes, membres de "Nous voulons des coquelicots", Agir pour l'environnement, Générations futures, Extinction Rebellion, du lobby écolo-citoyen La Bascule ou encore des élus.
"Mme la préfète, laissez nos maires nous protéger", réclamait une banderole déployée sur les grilles du tribunal. "Merci" pouvait-on lire sur une pancarte de plusieurs mètres posée contre le bâtiment.
A son arrivée comme à sa sortie, Daniel Cueff a été acclamé par un tonnerre d'applaudissements. "On est à un moment de bascule, l'Etat va être obligé de se mettre du côté de la population", a estimé Michel Besnard président du collectif de soutien aux victimes de pesticides de l'Ouest.
Parmi les soutiens historiques, des membres de la rédaction de Charlie Hebdo, dont l'appel "Nous voulons des coquelicots", lancé en septembre 2018 pour l'interdiction des pesticides de synthèse, a recueilli plus de 800.000 signatures.
"Ce qui est intéressant c'est qu'on a un maire qui est le premier représentant de l'Etat face aux citoyens et qui met en évidence une carence de l'Etat, en l'occurence son devoir de protéger les citoyens", a estimé Gérard Biard, rédacteur en chef de l'hebdo satirique.
"Les pesticides, ce n'est pas simplement quand on passe dans un champ, ça touche au quotidien des gens, on les subit, on en mange, on en respire", a-t-il ajouté.
"On est venus en bus pour soutenir tous les maires qui prennent ce genre d'initiative", explique Valérie, 48 ans, habitante de Langouët. en précisant qu'ils sont 15 maires à être recensés sur le site "On veut des coquelicots".
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