Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les groupes anti-Assad ont quitté la ville stratégique de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, ainsi que des secteurs dans le nord de la province voisine de Hama.
La majeure partie de la province d'Idleb et des segments des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle de Bachar al-Assad, après huit années de conflit, malgré les reconquêtes de la majorité du territoire par le régime.
Cette région, dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et abritant des groupes rebelles proturcs, est la cible depuis fin avril de bombardements quasi quotidiens de Damas et de son allié russe, qui ont tué environ 880 civils selon l'OSDH.
Mardi, huit civils, dont trois enfants, ont été tués dans des raids russes contre plusieurs localités du sud-est d'Idleb, d'après l'Observatoire.
Un porte-parole de HTS a nié dans un communiqué publié sur Telegram le retrait du groupe du nord de Hama, évoquant un "repositionnement" des combattants après d'intenses bombardements du régime.
Le retrait des rebelles et jihadistes intervient après que les forces du régime se sont emparées de la moitié de Khan Cheikhoun et ont réussi à bloquer l'autoroute Alep-Damas devant l'arrivée d'un convoi militaire turc.
Cette route, dans le viseur du régime depuis des mois, traverse Idleb et relie les deux métropoles sous son contrôle.
Un important poste d'observation turc dans la ville de Morek, à environ dix kilomètres au sud de Khan Cheikhoun, se retrouve désormais encerclé par les forces du régime et les soldats turcs ne peuvent se retirer qu'à travers des routes sous contrôle gouvernemental, a précisé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Mais le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a exclu "pour le moment" tout retrait de Morek, l'un des postes d'observations possédé par Anakara à Idleb et dans ses environs, en vertu d'accords conclus avec Moscou.
"Jouer avec le feu"
Lundi, la Turquie avait dépêché un convoi militaire d'environ 50 véhicules, après l'entrée des forces prorégime dans Khan Cheikhoun.
Mais celui-ci avait dû s'arrêter après des bombardements russes et syriens qui ont tué trois civils, selon Ankara. Les trois morts sont des combattants rebelles proturcs, selon l'OSDH.
Ankara a "fermement" condamné l'attaque, exhortant mardi Damas à ne pas "jouer avec le feu".
Le président syrien a répliqué en affirmant que "les derniers combats à Idleb ont révélé (...) le soutien clair et illimité d'Ankara aux terroristes", lors de la visite d'une délégation russe à Damas.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lui mis en garde contre de nouvelles attaques des jihadistes contre "les civils" et la base russe de Hmeimim.
"Nous avons prévenu nos collègues turcs que nous y répondrions", a ajouté M. Lavrov lors d'une conférence de presse en Russie.
La Turquie, parrain de groupes rebelles à Idleb, est présente dans cette région en vertu d'un accord conclu en septembre 2018 à Sotchi afin d'éviter une offensive d'envergure du régime.
Cet accord, qui prévoyait la création d'une "zone démilitarisée" devant servir de tampon entre les territoires du régime et ceux tenus par les jihadistes et rebelles, n'a été que partiellement respecté, les jihadistes ayant refusé de se retirer.
"Maintenir Astana"
Selon l'analyste Sam Heller, du centre de réflexion International Crisis Group (ICG), il n'est pas clair si Damas et Moscou vont avancer "ou s'arrêter pour consolider leurs nouvelles positions et exercer des pressions sur Ankara" pour mettre en oeuvre l'accord de Sotchi.
Mais, "pour la Russie, maintenir la coalition d'Astana est une priorité", a souligné l'analyste Samuel Ramani, en référence au processus de négociations sur la Syrie lancé en 2017 par Moscou, Ankara et Téhéran, dans la capitale du Kazakhstan (rebaptisée Nur-Sultan).
Depuis fin avril, plus de 400.000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'ONU.
Mardi, le comité international de la Croix-Rouge (CICR) a qualifié la situation à Idleb, qui abrite environ trois millions de personnes, de "désastre humanitaire".
"Une nouvelle escalade pourrait pousser des centaines de milliers de personnes supplémentaires à fuir", a mis en garde Rehana Zawar, directrice du CICR en Syrie.
Déclenchée en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.
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