C'est le chef de la Ligue (extrême droite) qui a déclenché les hostilités, le 8 août, en accusant ses partenaires du M5S (antisystème) de multiplier les refus sur les baisses d'impôts ou les grands chantiers.
Juste après avoir fait exploser la coalition, le Lombard s'est lancé dans une médiatique tournée des plages à la conquête du Sud, faisant constamment pression pour obtenir des élections dès l'automne.
Alors que l'instabilité de l'attelage Ligue-M5S a fait perdre 5 milliards d'euros à l'Italie en tensions sur le marché obligataire, les marchés ont réagi nerveusement aux incertitudes pesant sur la troisième économie de la zone euro, très endettée et qui tourne au ralenti.
Salvini pensait pouvoir miser sur l'effet de surprise, sur l'affaiblissement du M5S de l'inaudible Luigi Di Maio, et sur des sondages le créditant de 36/38%, l'inverse du score des législatives de 2018 quand le M5S s'était adjugé 32% des voix (15/16% aujourd'hui), et la Ligue 17%.
Mais en déclenchant la "crise la plus folle du monde", selon les termes du journal La Stampa, l'homme fort du gouvernement n'avait pas pris en compte l'inertie du système italien où les majorités naissent et meurent au parlement.
M. Conte a d'ailleurs rapidement recadré son vice-Premier ministre, en l'appelant dès le 8 août à "expliquer et justifier" au parlement sa décision de mettre un terme brutal à une nouvelle expérience de gouvernement.
Mardi, à 15H00 (13H00 GMT), le Premier ministre s'exprimera devant les sénateurs. M. Salvini, en tant qu'élu de la chambre haute, devrait aussi prendre la parole.
M. Conte a ensuite diverses options: soit attendre le vote éventuel d'une motion de censure contre son gouvernement, soit démissionner directement et monter au palais présidentiel du Quirinal.
Un gouvernement "Ursula" ?
La balle passera alors dans le camp du président Sergio Mattarella qui mènera des consultations pendant plusieurs jours pour explorer la possibilité d'une nouvelle majorité gouvernementale et choisir une personnalité pour la mener.
Pendant que M. Salvini poursuivait son "beach tour", entre mojitos, selfies et invectives sur "l'Italie (qui) ne doit pas devenir un camp de migrants", les autres partis ont en effet organisé le front anti-élections.
Une première proposition d'alliance est venue, à la surprise générale, de l'ancien chef de gouvernement Matteo Renzi, bête noire tout autant de M. Salvini que du M5S. M. Renzi a proposé une réconciliation et lancé l'idée d'un gouvernement "institutionnel", alliant sa formation, le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le M5S.
Au programme, l'élaboration du budget 2020 de façon à éviter une hausse de la TVA qui interviendra automatiquement en janvier 2020, si rien n'est fait pour combler un trou de 23 milliards d'euros dans les caisses publiques.
Le patron du PD, Nicola Zingaretti, a toutefois averti lundi: "soit les consultations (du président) débouchent sur un gouvernement fort et de renouvellement aussi dans son programme, soit il vaudra mieux retourner aux urnes".
Une autre piste a été suggérée par l'ex-Premier ministre et président de la Commission européenne Romano Prodi, qui propose un gouvernement pro-européen baptisé "Ursula", du nom de la nouvelle présidente de la Commission, l'allemande Ursula von der Leyen.
Dans son esprit, il s'agirait d'une alliance gauche-droite pouvant inclure Forza Italia de Silvio Berlusconi, à la manière des coalitions allemandes, pour que l'Italie redevienne "un membre actif de l'Union européenne".
A la veille du jour J, Matteo Salvini a dénoncé ces manoeuvres comme des "jeux de pouvoir et de palais" qui sont "une trahison honteuse du peuple italien".
Selon l'institut Youtrend qui a sondé des politologues, un gouvernement M5S-PD recueille 36% de probabilités, des élections immédiates 22%, une coalition "Ursula" 12% et le même pronostic pour un gouvernement avec pour seuls objectifs de voter le budget et préparer de nouvelles élections au printemps 2020.
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