Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, "a ordonné aujourd'hui (dimanche) l'habilitation du port d'Algesiras pour recevoir le bateau Open Arms", qui se trouve actuellement face à l'île italienne de Lampedusa, en raison de "la situation d'urgence" à bord et face à "l'inconcevable décision des autorités italiennes de fermer tous leurs ports", a annoncé le gouvernement dans un communiqué.
Madrid a pris cette décision "en raison de la situation d'urgence à bord, après deux semaines de navigation", et alors que le navire transporte encore 105 adultes et deux enfants dans des conditions "intenables", a estimé Open Arms.
"Les ports espagnols ne sont ni les plus près ni les plus sûrs pour l'Open Arms", a cependant reconnu Madrid, soulignant que si son offre était acceptée, le navire en aurait pour plusieurs jours de navigation avant d'atteindre Algesiras.
"Mais pour l'instant l'Espagne est le seul pays disposé à l'accueillir, dans le cadre d'une solution européenne", a ajouté Madrid.
Le ministère espagnol des Affaires étrangères a toutefois lancé parallèlement, dans un communiqué, un dernier appel "aux autorités italiennes pour qu'elles autorisent le débarquement" des migrants.
"Le gouvernement italien peut être assuré que, dès que les migrants auront débarqué, ils seront immédiatement répartis" entre les pays qui ont proposé de les accueillir : France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne, ajoute le texte.
Par ailleurs, le gouvernement espagnol a indiqué "étudier la possibilité de se pourvoir devant l'Union européenne ou devant les institutions garantes du respect des droits humains et du droit maritime international" pour contester l'attitude de l'Italie.
Situation explosive
Vendredi, Marc Reig, le commandant du navire, avait décrit une situation "explosive" à bord, soulignant que certains migrants pourraient "se jeter à l'eau" pour rejoindre la terre ferme "à la nage".
"Tout le monde est cassé psychologiquement, cette situation est devenue insoutenable", avait-il affirmé à la chaîne de télévision espagnole TVE. Dans un tweet, l'ONG évoquait, elle, des menaces de suicide et exigeait un débarquement général pour "urgence humanitaire".
Le ministre de l'Intérieur italien, le leader d'extrême droite Matteo Salvini, avait alors accepté à contrecœur samedi de laisser débarquer 27 migrants mineurs non accompagnés. Mais il continue à refuser le débarquement du reste des passagers, en dépit des engagements d'autres pays.
"La Commission a eu des contacts intensifs au cours de la semaine écoulée et nous sommes très reconnaissants de la coopération de la France, de l'Allemagne, du Luxembourg, du Portugal, de la Roumanie et de l'Espagne", a commenté vendredi une porte-parole de la Commission, Vanessa Rock.
Mais "aucun pays européen n'a fait de pas formels pour accueillir les migrants se trouvant à bord", déplorent des sources au ministère de l'Intérieur italien, qui réclament des engagements concrets.
Crise politique
Cette énième confrontation entre un navire de secours et le ministre de l'Intérieur italien s'est déroulée cette fois-ci dans le contexte de la crise politique qui secoue Rome.
M. Salvini a fait voler en éclats le 8 août la coalition gouvernementale formée par sa formation politique, la Ligue (extrême droite), avec le Mouvement cinq étoiles (M5S, antisystème). Il a réclamé l'organisation rapide d'élections, alors qu'il est crédité de 36 à 38% des intentions de vote dans les sondages.
Mais un front politique semble en train de se former contre lui, par le biais inattendu d'une alliance entre son ex-partenaire du M5S et le Parti démocrate (centre-gauche).
La politique migratoire a pris une place centrale dans cette crise, dans l'attente d'un éventuel vote de censure contre le gouvernement au Sénat mardi.
De son côté l'Espagnol Pedro Sanchez, également en crise politique, était ces derniers mois revenu sur la politique migratoire accueillante de ses débuts en juin. Après avoir recueilli l'Aquarius et ses plus de 600 migrants, puis trois fois l'Open Arms, il avait brusquement en août refusé de recevoir à nouveau l'Aquarius, et n'avait depuis permis aucune arrivé de bateau humanitaire.
Parallèlement, le navire Ocean Viking, des ONG SOS Mediterranée et Médecins sans Frontières (MSF), cherchait également un port, avec 350 migrants à bord.
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