Des milliers de partisans pro-gouvernementaux s'étaient également rassemblés samedi après-midi dans un parc pour critiquer le mouvement pro-démocratie et soutenir la police, une illustration frappante des divisions qui se creusent dans la ville.
Les deux camps étaient également représentés dans des manifestations à Paris, avec une cinquantaine de pro et autant d'anti-Pékin, et à Londres, où un total d'un millier de manifestants a défilé.
L'Union européenne a lancé un appel à un "dialogue large et inclusif" afin de "désamorcer la situation" à Hong Kong, estimant essentiel de "faire preuve de retenue et de rejeter la violence".
Dix semaines de protestations ont plongé le centre financier international dans la crise, la Chine continentale dirigée par les communistes adoptant un ton de plus en plus dur, allant jusqu'à qualifier les actions les plus violentes des manifestants de "quasi-terroristes".
Les militants pro-démocratie ont prévu deux rassemblements, samedi et dimanche, pour montrer à Pékin et aux dirigeants non élus de la ville que leur mouvement bénéficie toujours d'un large soutien public, malgré un comportement de plus en plus violent de la part d'une minorité d'éléments radicaux.
Mardi, les manifestants avaient bloqué l'embarquement des passagers à l'aéroport de la ville et ensuite agressé deux hommes qu'ils accusaient d'être des espions chinois.
Ces images ont terni un mouvement qui s'en était pris jusque-là principalement à la police ou aux institutions gouvernementales, mais elles ont déclenché un examen de conscience parmi les contestataires.
La propagande de Chine s'est aussitôt emparée de ces violents dérapages, les médias d'État s'empressant de diffuser un déluge d'articles, d'images et de vidéos sur le sujet. Ils ont également diffusé des images de soldats chinois et de transports de troupes blindés massés de l'autre côté de la frontière, à Shenzhen.
Washington a prévenu Pékin qu'une intervention militaire serait une "grosse erreur", tandis que les experts estiment qu'elle serait un désastre du point de vue économique et en terme d'image pour la Chine.
Manifestations rivales
Les rassemblements de samedi ont débuté par une marche de milliers d'enseignants sous une pluie torrentielle pour soutenir le mouvement pro-démocratie, en grande partie emmené par de jeunes militants.
Dans l'après-midi, une foule encore plus importante s'est rassemblée pour marcher à Hung Hom et à To Kwa Wan, deux quartiers portuaires populaires auprès des touristes chinois du continent.
Certains manifestants s'en sont pris aux locaux de la Fédération des syndicats, une organisation pro-Pékin, les couvrant de graffitis et les bombardant d'oeufs.
"Le gouvernement n'a pas encore répondu à une seule revendication et a intensifié la pression policière pour réprimer la voix du peuple", a déclaré à l'AFP un manifestant de 25 ans disant se prénommer Mars. "Si nous ne descendons pas dans la rue, notre avenir, notre prochaine génération sera confrontée à davantage encore de répression ", a-t-il ajouté.
Mais la principale manifestation du week-end est attendue dimanche, véritable test de la détermination des militants pro-démocratie comme de celle des autorités pro-Pékin.
De l'autre côté du port, des partisans de Pékin se sont réunis également en nombre dans un parc où plusieurs orateurs ont dénoncé la violence des manifestants pro-démocratie, pendant que des vidéos diffusées sur un écran géant montraient quelques récents affrontements avec la police. "Leurs actes ne sont pas humains, ils (les pro-démocratie) sont tous devenus des monstres", a déploré Irene Man, retraitée de 60 ans soutenant le gouvernement. "Ce sont des émeutiers, dénués de raison, sans pensée".
Ce rassemblement pro-gouvernement s'est dispersé sans incident un peu avant la tombée de la nuit.
"Rationnel, non violent"
Les militants pro-démocratie purs et durs ont fait face à la police dans le quartier de Mong Kok dans les nouveaux territoires (nord), où de multiples affrontements ont eu lieu ces dernières semaines.
Ils ont bloqué des routes et pointé leurs rayons laser sur la police anti-émeute qui a mené quelques charges, dispersant les manifestants qui se sont brièvement rassemblés.
En début de soirée, la plupart des militants clamant qu'ils réservaient leur énergie pour le grand rassemblement pro-démocratie attendu dimanche, se sont séparés.
Convoqué par le Front civil des droits de l'Homme, organisation non violente à l'origine des manifestations record de juin et juillet auxquelles ont pris part des centaines de milliers de personnes, il doit être "rationnel, non violent".
La police a donné son feu vert à ce rassemblement dans un grand parc de l'île de Hong Kong, mais a interdit aux manifestants de défiler dans la rue. Ce genre d'interdiction a presque systématiquement été ignoré par les manifestants ces dernières semaines, donnant lieu à des heurts avec les forces de l'ordre.
Les autorités justifient ces interdictions par les violences de plus en plus récurrentes lors des cortèges, les manifestants s'en prenant aux commissariats. Le mouvement ne plie pas, malgré l'arrestation de plus de 700 personnes en plus de deux mois de manifestations.
Née en juin du refus d'un projet de loi controversé autorisant les extraditions vers la Chine, la mobilisation a depuis élargi ses revendications pour demander notamment l'avènement d'un véritable suffrage universel, sur fond de crainte d'une ingérence grandissante de Pékin.
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