Arraisonné le 4 juillet, le Grace 1 était soupçonné par les autorités de Gibraltar de transporter 2,1 millions de barils de pétrole iranien jusqu'en Syrie --frappée par un embargo de l'Union européenne--, ce que l'Iran a démenti à plusieurs reprises.
Le gouvernement de Gibraltar a dit jeudi avoir reçu la promesse écrite de Téhéran de ne pas envoyer en Syrie ces barils, et la Cour suprême de ce petit territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne a levé l'immobilisation du Grace 1.
Mais le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Moussavi, a affirmé vendredi que son pays n'avait pas fait une telle promesse.
"L'Iran n'a donné aucune garantie concernant le fait que le Grace 1 n'irait pas en Syrie", a-t-il déclaré, cité par un site de la chaîne de télévision d'Etat, Irib. "La destination du pétrolier n'était pas la Syrie (...) et même si c'était le cas, cela n'est l'affaire de personne".
"Notre pétrolier illégalement saisi a été relâché. Cette victoire, obtenue sans leur donner de concessions, est le résultat d'une #diplomatie_puissante et d'une volonté forte de se battre pour les droits de la nation", a assuré sur Twitter le porte-parole du gouvernement, Ali Rabiei.
De son côté, le vice-directeur des Ports iraniens et de l'Organisation maritime, Jalil Eslami, a annoncé vendredi que le navire allait partir en Méditerranée sous pavillon iranien, et non plus panaméen.
"Conformément à la demande de son propriétaire, le Grace 1 partira en mer Méditerranée après avoir changé de pavillon pour celui de la République islamique d'Iran et avoir été renommé Adrian Darya pour le voyage", a indiqué M. Eslami, dont les propos ont été retransmis par la télévision iranienne.
"Le navire était d'origine russe et (...) transportait deux millions de barils de pétrole iranien", a-t-il ajouté, sans préciser la destination finale du pétrolier.
Tensions
La saisie du pétrolier par Gibraltar et la marine britannique a provoqué une importante crise diplomatique entre Téhéran et Londres, ainsi que des mesures de représailles de l'Iran qui a arraisonné depuis trois autres pétroliers, dont un battant pavillon britannique le 19 juillet.
L'arraisonnement du navire est également intervenu sur fond de fortes tensions entre Téhéran et les Etats-Unis --alliés de la Grande-Bretagne-- après des sabotages et attaques de navires dans le Golfe et la destruction d'un drone américain par Téhéran.
Peu avant l'annonce de la libération du Grace 1, les Etats-Unis ont demandé de prolonger l'immobilisation du pétrolier. Mais le président de la Cour suprême de Gibraltar, Anthony Dudley, a affirmé ne pas avoir reçu par écrit cette demande.
La demande américaine a fait l'effet d'un coup de théâtre alors qu'un accord entre Londres et Téhéran semblait à portée de main après des semaines de tractations diplomatiques.
La "tentative de piraterie" américaine a échoué, s'est réjoui sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
M. Zarif a fustigé "le niveau de mépris qu'a l'administration (du président américain Donald) Trump pour la loi". Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, avaient "tenté d'abuser du système judiciaire et de voler les biens (iraniens) en haute mer".
Toutefois, rien n'empêche les Etats-Unis de reformuler leur demande, afin de bloquer le navire avant qu'il ne quitte les eaux territoriales de Gibraltar.
Et si le capitaine et les trois officiers du Grace 1 ont été libérés, ils risquent désormais d'être interdits de visa aux Etats-Unis, a menacé le département d'Etat dans un communiqué.
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