Plus de quatre ans après les faits, les magistrats l'ont annoncé le 26 juillet aux parties, ouvrant un délai d'un mois pour leurs observations et pour les réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT).
Le PNAT doit désormais donner son avis sur le renvoi ou non aux assises du principal suspect, Sid Ahmed Ghlam, et de sept hommes soupçonnés de lui avoir apporté des armes ou du matériel et d'être liés, pour certains, à la mouvance islamiste radicale. Avant la décision finale du juge d'instruction et un procès en 2020 ou 2021.
Sid Ahmed Ghlam, étudiant algérien alors âgé de 23 ans et fiché S pour sa radicalisation, est soupçonné d'avoir voulu attaquer ce jour-là une église de Villejuif, au sud de Paris, à l'heure de la messe.
Mais, selon l'accusation, il a renoncé à son projet et appelé les secours car il s'était tiré par accident une balle dans la jambe après avoir tué Aurélie Châtelain, croisée sur le parking où il préparait son assaut.
Sid Ahmed Ghlam nie ce meurtre, assurant qu'elle a été tuée accidentellement par un mystérieux complice dont il est le seul à affirmer l'existence. Une thèse jugée peu crédible par les enquêteurs.
Il affirme aussi s'être volontairement ravisé et mutilé pour empêcher l'attentat.
Il a toutefois reconnu avoir été téléguidé par le groupe Etat islamique (EI): les policiers avaient rapidement décrypté ses échanges avec deux donneurs d'ordre de l'EI, Abou Moutana et Amirouche, qui lui donnaient pour instruction de trouver "une bonne église avec du monde".
Les enquêteurs pensent que derrière ces noms se cachent deux vétérans du jihad, visés depuis deux ans par des mandats d'arrêt mais présumés morts en zone irako-syrienne: Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), et Samir Nouad, considéré comme l'un des donneurs d'ordre d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015.
Le nom de Fabien Clain, voix de la revendication du 13-Novembre, réputé mort en février en Syrie, est aussi apparu dans l'enquête.
Une question reste en suspens: la cible de Villejuif s'inscrivait-elle dans un vaste plan d'actions en Europe du groupe jihadiste, avant l'attaque d'un Thalys en août 2015 et les raids meurtriers du 13-Novembre dans la capitale et à Saint-Denis?
A l'époque des faits, la France était entrée depuis trois mois dans l'ère de la menace jihadiste avec les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher en janvier.
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