Un correspondant de l'AFP sur place a constaté une épaisse fumée noire se dégageant des débris de l'avion, sur lequel apparaît le drapeau syrien.
La majeure partie de la province d'Idleb ainsi que des segments des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du président Bachar al-Assad, huit ans après le début du conflit.
Cette région, dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et qui abrite quelques groupes rebelles, est la cible depuis fin avril de bombardements quasi quotidiens du régime et de son allié russe.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'avion abattu mercredi, un Soukhoï, participait aux opérations de pilonnage des zones tenues par HTS et des groupes rebelles.
Il survolait une zone à l'est de Khan Cheikhoun, une ville stratégique du sud de la province d'Idleb, a indiqué le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, selon lequel le pilote est "aux mains" de HTS.
Le groupe jihadiste a revendiqué l'incident dans un communiqué, indiquant que l'avion s'est écrasé dans la localité de Latamné, à quelques kilomètres de Khan Cheikhoun.
L'avion a été abattu alors que les forces du régime progressent en direction de Khan Cheikhoun, située sur l'autoroute principale qui traverse Idleb et relie la capitale Damas à la métropole d'Alep (nord), toutes deux sous contrôle gouvernemental.
"Les forces du régime se trouvent désormais à quatre kilomètres à l'ouest de Khan Cheikhoun, après avoir conquis cinq villages" environnants, avait indiqué plus tôt M. Abdel Rahmane. "Seuls des champs agricoles les séparent de la ville".
À l'est, les combattants pro-Assad se trouvent à six kilomètres et tentent de s'emparer d'une colline située à proximité de la ville, avait-il précisé.
Des combats et des bombardements faisaient rage en début de soirée notamment à l'est de la ville, a indiqué le directeur de l'OSDH alors que les forces prorégime consolidaient leurs positions sur le front ouest, dans le cadre d'une relative avancée sur le terrain aux dépens des jihadistes et des rebelles.
Au fil des ans, le régime de Damas a réussi à consolider son emprise sur plus de 60% du pays, grâce au soutien de la Russie et de l'Iran.
Secouristes tués
Mercredi, les raids russes sur plusieurs localités et villages du sud d'Idleb ont tué quatre civils à Maaret Hourma et dans ses environs, dont un secouriste des Casques blancs, ainsi qu'un conducteur ambulancier et un infirmier de la Syrian American Medical Society (SAMS).
Quatre autres civils ont été tués dans la soirée dans des frappes du régime sur la localité de Maaret al-Noomane.
Les combats ont par ailleurs tué 16 membres des forces prorégime et 31 combattants jihadistes et rebelles, selon l'OSDH
L'intensité des bombardements et l'avancée des forces prorégime ont provoqué d'importants déplacements de population dans la région.
Abou Ahmad et sa femme ont fui la localité de Maaret al-Noomane, située non loin de Khan Cheikhoun dans le sud d'Idleb, pour se réfugier dans la localité de Dana, plus au nord.
"Les avions bombardent, l'artillerie bombarde (...) la situation est très mauvaise", déplore Abou Ahmad, 55 ans, en s'arrêtant près de la ville de Sarmada au nord de Khan Cheikoun. "Nous voulions juste nous sauver. Nous avons abandonné nos moutons et nos maisons et avons fui".
Assise près de lui dans un pick-up, Oum Ahmad regrette d'avoir tout laissé derrière elle. "Nous avons abandonné notre maison, nos biens et notre terre riche en pastèques, raisins et figues", dit-elle, deux enfants assis sur ses genoux.
Faire pression
La région d'Idleb a fait l'objet d'un accord sur une "zone démilitarisée" conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou. Mais celui-ci n'a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer.
Selon l'analyste Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie, Damas et Morscou cherchent non seulement à progresser sur le terrain mais aussi à faire pression sur HTS, les rebelles et la Turquie.
Damas et Moscou "n'hésiteront pas (...) à contrôler tout ce qu'ils peuvent", souligne-t-il.
Depuis fin avril, plus de 820 civils ont péri dans les bombardements et plus de 1.280 combattants jihadistes et rebelles ainsi que 1.140 membres des forces prorégime sont morts dans les affrontements, selon l'OSDH.
Plus de 400.000 personnes ont été déplacées dans cette région qui abrite trois millions de personnes, d'après l'ONU, qui met en garde contre une "catastrophe" humanitaire.
Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.
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