Le Château de Versailles attire chaque année des millions de touristes venus (re)découvrir son histoire et admirer son architecture. Parmi les salles les plus mythiques : la Galerie des Glaces. Et c'est à la Manufacture royale de la Glacerie, près de Cherbourg, (Manche) que les 357 miroirs qui l'ornent ont été soufflés, celle-là même qui a donné son nom à la commune, aujourd'hui déléguée de Cherbourg-en-Cotentin (depuis le 1er janvier 2016).
Le secret volé aux Vénitiens !
Le travail du verre serait attesté en Normandie dès le XIVème siècle. Mais c'est en 1665, qu'il prend un réel tournant, lorsque le verrier Richard Lucas Néhou prend la direction de la manufacture de la Glacerie, située alors dans la commune de Tourlaville (Manche). Le gentilhomme réussit à "percer le secret du verre blanc, qui a une belle qualité de transparence et qui est parfaitement clair" raconte Philippe Duval, président de l'association les Amis du Musée de la Glacerie, et guide de l'exposition au musée connaissance du Cotentin. Comment ? Et bien tout simplement en volant, en partie, les secrets aux ouvriers vénitiens, débauchés pour travailler à la manufacture.
C'est ainsi que l'entrepreneur se fait remarquer par la reine Anne d'Autriche, (épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV) qui fait appel à la manufacture de la Glacerie lors du chantier de l'abbaye du Val de Grâce, à Paris. Le succès se poursuit, au moment de la construction du Château de Versailles sous Louis XIV. Le roi et son ministre Colbert veulent alors privilégier l'industrie française à celle italienne.
Philippe Duval, président de l'association Les Amis du Musée de la Glacerie devant les fameux miroirs en mercure. - Marthe Rousseau
Une révolution esthétique
La Galerie des Glaces du Château de Versailles a sans aucun doute révolutionné la façon d'avoir conscience de son propre corps dans l'espace. "Certaines personnes, Louis XIV compris, avaient l'habitude de se voir dans des petits miroirs, raconte Philippe Duval, et lorsqu'ils ont découvert ceux de la Galerie des Glaces, ils se voyaient pour la première fois de la tête aux pieds."
Le Cotentin : le paradis pour une industrie verrière
Plus de 500 ouvriers travaillaient sur le site de la Manufacture au XVIIème siècle, qui présentait tous les avantages nécessaires à l'industrie du verre (verre à lunettes, carafe, canne...) et des miroirs. "Le combustible des fours était fourni par la forêt de Brix, et le cours d'eau (le Trottebec) permettait d'alimenter les moulins, raconte Philippe Duval. La proximité de la mer garantissait le varech transformé en soude, elle-même nécessaire à la fabrication des miroirs… Par ailleurs, Paris n'était pas si éloigné grâce à l'axe qui reliait la Seine au port de Cherbourg. Le tout se faisait sous escorte royale, c'est-à-dire la marine de guerre, pour éviter des attaques de vaisseaux anglais ou néerlandais." L'intégralité des miroirs a été fabriquée entre 1683 à 1684. Un petit exploit pour l'époque.
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Un savoir-faire méconnu
Aujourd'hui, le musée connaissance du Cotentin géré par l'association Les Amis du musée de la Glacerie perpétue ce patrimoine méconnu du grand public, et retrace le quotidien de ses habitants avec des objets typiques (coiffes normandes, costumes traditionnels, machines agricoles) d'une époque révolue, allant du XVIIème siècle aux années 1950.
Bonus : reportage au cœur du Musée connaissance du Cotentin avec le guide Philippe Duval:
Visite guidée du musée, à la découverte des trésors de La Glacerie.
Le musée connaissance du Cotentin est ouvert du mardi au dimanche de 14h30 à 18h, situé à La Glacerie, Cherbourg-en-Cotentin.
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