"L'armée pakistanaise dispose d'informations solides selon lesquelles ils ont l'intention de faire quelque chose au Cachemire pakistanais", a déclaré le Premier ministre Imran Khan mercredi, jour de l'indépendance du Pakistan.
"Ils sont prêts et nous allons leur donner une réponse ferme", a-t-il poursuivi lors d'un discours à Muzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais. "Nous avons décidé que si l'Inde commet une violation, nous nous battrons jusqu'au bout", a-t-il encore commenté. "Le moment est venu de vous donner une leçon".
De son côté, le chef d'état-major de la puissante armée pakistanaise, le général Qamar Javed Bajwa a déclaré que ses troupes étaient "entièrement prêtes à jouer leur rôle".
Le changement de ton est drastique côté pakistanais, alors que le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi avait déclaré jeudi dernier que son pays "(n'envisageait) pas l'option militaire".
"Nous examinons plutôt des options politiques, diplomatiques et juridiques", avait-il dit.
"Que voulez-vous que je fasse ? Que j'attaque l'Inde ?", s'était même agacé Imran Khan devant le parlement, pointant les conséquences d'un conflit entre deux puissances nucléaires.
Les raisons de ce revirement étaient difficiles à cerner mercredi. M. Khan est décrié par l'opposition pour sa politique "faite de volte-faces".
Les tensions entre les deux pays voisins sont des plus élevées après la décision prise par New Delhi de révoquer il y a dix jours l'autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu'elle contrôle et qu'Islamabad revendique.
Les nationalistes hindous ont également fait voter par le Parlement la dislocation de la région.
Ces mesures, qui visent à placer sous une tutelle plus directe de New Delhi cette région rebelle, ont été qualifiées d'"illégales" par le Pakistan, les deux pays se disputant le Cachemire depuis leur partition en 1947, au terme de la colonisation britannique.
Islamabad avait jusqu'ici indiqué vouloir porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale. Le Pakistan a également expulsé l'ambassadeur indien et mis un terme au commerce bilatéral.
Suprématie hindoue
Depuis le 4 août, le Cachemire indien vit ainsi coupé du monde.
Un black-out des communications et de fortes restrictions de circulation ont été imposés par les autorités indiennes.
Redoutant des manifestations de masse dans un territoire où une insurrection séparatiste a fait 70.000 morts depuis 1989, New Delhi y a également déployé des 80.000 paramilitaires supplémentaires.
D'après le gouverneur de l'Etat du Jammu-et-Cachemire, le couvre-feu imposé au Cachemire sous contrôle indien sera toutefois assoupli après la fête nationale de l'Indépendance jeudi, même si téléphone et internet resteront coupés.
Mardi, un porte-parole du ministère indien de l'Intérieur avait indiqué sur Twitter que les restrictions étaient "en train d'être allégées de manière progressive" dans le Jammu-et-Cachemire.
Selon des habitants, ce blocage n'a pourtant pas empêché 8.000 personnes de manifester après la prière de vendredi. La marche a été dispersée par les forces de sécurité avec des tirs de gaz lacrymogènes et de billes de plomb.
Dimanche, Imran Khan avait comparé l'inaction de la communauté internationale face aux événements se déroulant au Cachemire au silence ayant entouré l'émergence d'Hitler en Allemagne dans les années 1930.
"Le couvre-feu, la répression et le génocide imminent des Cachemiris au Cachemire occupé par l'Inde se produit exactement selon l'idéologie du RSS qui s'inspirait de l'idéologie nazie", avait-il tweeté.
Le RSS, ou Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps des volontaires nationaux), est un mouvement ultranationaliste hindou, que ses détracteurs qualifient de mouvement anti-musulman fascisant.
"La question qui se pose est : le monde regardera-t-il et se montrera-t-il conciliant comme il l'a été avec Hitler ?", s'était interrogé le Premier ministre pakistanais.
Fondé en 1925, le RSS est considéré comme le mentor idéologique du BJP (Bharatiya Janata Party), parti de l'actuel Premier ministre indien, Narendra Modi.
"Je crains que cette idéologie de la suprématie hindoue (...) ne s'arrêtera pas au Cachemire occupé par l'Inde", avait ajouté le Premier ministre pakistanais, évoquant ensuite un "ciblage du Pakistan, qui est pour les suprémacistes hindous ce qu'était le Lebensraum ("espace vital", NDLR) d'Hitler".
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