En 1969, la société américaine est déchirée par les manifestations contre la guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques et les assassinats de Martin Luther King Jr et Robert Kennedy, un an plus tôt. Comme remède à la colère, Woodstock promet "trois jours de paix et de musique".
Quelques artistes mis à l'affiche par le festival se sont engagés auprès de ces luttes qui secouent le pays, comme Country Joe and The Fish et son hymne à la paix au Vietnam "Un, deux, trois, pourquoi nous battons nous ?".
Mais pour certains, il est difficile de qualifier pour autant le festival de "politique".
"Pour les militants black power et anti-guerre, Woodstock c'était une blague", indique Martha Bayles, spécialiste culture et musique à l'université de Boston, à l'AFP.
"Pas une révolution"
Dans l'esprit de ces activistes "ce n'était rien qu'une bande de hippies drogués qui n'étaient pas sérieux, qui ne comprenaient pas l'ampleur de la situation" analyse-t-elle.
L'artiste probablement la plus engagée du festival, Joan Baez se rappelle de Woodstock comme d'une "fête de joie".
"Ces trois jours de vacarme étaient importants, mais ce n'était pas une révolution", détaille la chanteuse de folk au New York Times. "Une révolution ou même un changement social n'arrive pas sans la volonté de prendre des risques", affirme-t-elle, "et le seul risque à Woodstock, c'était de ne pas être invité."
Certains moments qui ont contribué à rendre le festival mythique n'ont été connus qu'après coup. A l'image de l'hymne national américain déconstruit et magnifiquement réinterprété à la guitare par Jimi Hendrix, hissé comme le symbole de tout un mouvement mais... manqué par beaucoup de festivaliers, dont la plupart n'entendait que très mal ce qui se passait sur scène.
Heureusement que le moment avait été capté par les caméras pour le documentaire oscarisé "Woodstock", sorti en 1970.
Soudain, "la notion de ce qu'était le patriotisme a été élargie" se souvient Danny Goldberg, journaliste musical de 19 ans à l'époque du festival, "certains éléments du mythe de Woodstock ont été rattachés au mouvement de paix de l'époque".
Un tournant pour la musique
Le festival est également entré dans la légende pour avoir propulsé au-devant de la scène une musique qui a - un instant - rassemblé des américains de tous horizons, un style de rock puisant ses racines dans du folk, du blues et du gospel.
"La musique a fédéré toute cette génération, les travailleurs, les étudiants, les soldats", estime Martha Bayles.
Et longtemps perçue comme une contre-culture, cette musique est devenue par la suite la culture dominante.
"Cela a certainement montré aux grands promoteurs de concerts, aux grandes maisons de disques et aux grands diffuseurs que le public de ce qu'on appelait à l'époque la +musique underground+ (...) était beaucoup plus large que ce qui avait été perçu jusque-là ", juge Danny Goldberg.
L'âme de Woodstock est aussi encore perceptible dans de nombreux de festivals et l'événement peut être considéré comme pionnier de la culture des "rave parties", ces soirées electro clandestines qui ont pullulé dans les années 1990, selon Martha Bayles.
"La puissance de tout ça était vraiment liée à la musique et à la foule, cette illusion que tous avaient étaient traînés dans une sorte d'expérience collective transcendante".
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