Le ministre William Barr, qui avait annoncé samedi l'ouverture de deux enquêtes après l'annonce de la mort d'Epstein, apparemment par suicide, s'est dit "consterné" et "franchement en colère" en apprenant les carences "pour sécuriser de manière adéquate" la prison de Manhattan où était détenu Jeffrey Epstein depuis début juillet.
Plusieurs médias avaient indiqué dimanche que le financier, qui fut longtemps une figure de la jet set avant de devenir l'un des détenus les plus en vue du pays, avait été laissé seul dans sa cellule alors qu'ils étaient censés être toujours deux, et que les rondes prévues toutes les 30 minutes n'avaient pas été respectées.
Jeffrey Epstein, 66 ans, qui avait été retrouvé légèrement blessé le 23 juillet après ce qui semblait être une première tentative de suicide, ne bénéficiait par ailleurs plus de surveillance renforcée anti-suicide depuis le 29 juillet. Cette décision a contribué à alimenter l'indignation qui a accueilli l'annonce de son décès.
"Nous irons au fond des choses (...) il y aura des comptes à rendre", a assuré Bill Barr, alors que le weekend a vu une floraison de théories du complot, relayées par Donald Trump. Beaucoup ce ces théories laissaient entendre que M. Epstein aurait été assassiné en raison des hommes de pouvoir - du prince Andrew à Bill Clinton, en passant par l'ex-émissaire spécial pour l'Irlande du Nord George Mitchell ou le patron de Victoria's Secret Leslie Wexner - qu'il avait fréquentés, et qui auraient voulu l'empêcher de parler.
Les causes de la mort n'ont pas encore été officiellement confirmées. Le médecin légiste de Manhattan a indiqué dimanche, après avoir effectué l'autopsie, réserver ses conclusions dans l'attente de "plus d'informations".
Epstein, 66 ans, a été retrouvé mort vers 06H30 samedi matin au Metropolitan Correctional Center, prison réputée particulièrement sûre, où il attendait son procès qui devait commencer au plus tôt en juin 2020.
Il avait été arrêté le 6 juillet et inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005 au moins, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles, certaines collégiennes, avec lesquelles il avait des rapports sexuels dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride.
Les témoignages qui sont ressortis via des documents judiciaires brossaient de ce brillant et riche homme d'affaires, ex-professeur de mathématiques, l'image d'un prédateur insatiable de mineures.
- Recherche de complices -
Le ministre Barr a assuré lundi, comme l'avait fait samedi le procureur fédéral de Manhattan, que "l'enquête allait continuer, visant quiconque (ayant été) complice d'Epstein".
Fille du défunt magnat britannique des médias Robert Maxwell, Ghislaine Maxwell, 57 ans, qui fut très proche de Jeffrey Epstein, fait désormais figure de suspect numéro 1, même si elle a démenti toute implication.
Elle est accusée par certaines victimes présumées du financier d'avoir activement recruté de jeunes adolescentes afin de satisfaire l'appétit d'Epstein et d'avoir même participé aux abus.
D'autres sont sur la sellette, dont le Français Jean-Luc Brunel, patron d'une agence de mannequins.
Dans des documents judiciaires rendus publics vendredi, une victime présumée de Jeffrey Epstein, Virginia Giuffre, affirmait que Ghislaine Maxwell l'avait forcé à avoir des relations sexuelles avec lui.
Epstein voyageait régulièrement en France, où il avait au moins une propriété, et c'est en rentrant de France en jet privé qu'il avait été interpellé début juillet.
Deux ministres français - les secrétaires d'Etat Marlène Schiappa (égalité femmes/hommes) et Adrien Taquet (protection de l'enfance) - ont d'ailleurs demandé lundi l'ouverture d'une enquête dans l'Hexagone, même si la ministre de la Justice Nicole Belloubet a rappelé qu'il n'appartenait pas au gouvernement de décider des poursuites à entamer.
L'association française "Innocence en danger" a cependant indiqué avoir adressé dès le 23 juillet un signalement au procureur de la République de Paris.
En attendant une réponse du procureur, elle a fait valoir que "la France était concernée par ce dossier puisque des investigations menées par le FBI font apparaître plusieurs personnes de nationalité française".
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