Les groupes parlementaires au Sénat se réuniront en soirée mais dès le matin, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), l'ex-allié avec lequel Matteo Salvini a brutalement rompu, battra le rappel des troupes.
Celui que ses fans surnomment "Il Capitano" (le Capitaine) rassemblera les siens dans l'après-midi.
Son objectif: faire encore monter la pression pour obtenir le vote d'une motion de censure contre le gouvernement, au plus tard le 20 août, et des élections dès l'automne pour capitaliser sur des sondages qui lui donnent 36/38% des intentions de vote.
Pendant le week-end, Matteo Salvini a poursuivi sa médiatique "tournée des plages" à la conquête de l'électorat du Sud, jusqu'à présent acquis au M5S, son partenaire de coalition pendant 14 mois.
Bains de foule et selfies à gogo, pause déjeuner torse nu sur le sable ou s'improvisant DJ, le chef de file des souverainistes italiens a peaufiné son image de Monsieur-tout-le-monde, un peu macho.
"Il est dans l'action, il n'a pas peur", a approuvé samedi dans les Pouilles Nicola D'Ecclesis, un ancien électeur M5S devenu un partisan de la Ligue. Matteo Salvini a été toutefois été contesté en Basilicate et en Sicile, où d'aucuns ont rappelé au Lombard ses anciennes diatribes contre le "Sud assisté".
Au risque de ressembler à un disque rayé, Matteo Salvini a réitéré les raisons du divorce d'avec les Cinq Etoiles, critiquant leurs multiples "non", sur les grands chantiers ou les baisses d'impôts.
Pourquoi des élections maintenant ? Parce qu'il "ne veut plus d'un exécutif qui se dispute tout le temps, il faut un gouvernement stable pour cinq ans".
"Un danger pour le pays"
A Rome, après le choc initial, le camp opposé à des élections immédiates a commencé à se mobiliser.
L'ancien allié et chef de file du M5S, Luigi Di Maio, a appelé les forces politiques à voter, avant un retour aux urnes, la réduction prévue du nombre des parlementaires.
"Supprimons 345 sièges (actuellement 950, un record, ndlr) et leurs salaires" pour les réinvestir dans "les écoles, les routes, les hôpitaux".
Le fondateur du M5S, l'humoriste Beppe Grillo, est sorti de son silence pour épauler M. Di Maio et proposer "un front républicain" capable d'empêcher "les barbares" de prendre le pouvoir.
L'ex-chef de gouvernement de centre gauche Enrico Letta (avril 2013-février 2014) s'est dit "très préoccupé" dans un entretien avec l'AFP, de l'ascension de Salvini qui, si on le stoppe pas, pourrait s'arroger la "majorité absolue" au parlement.
"Ce serait un grand danger pour le pays", a-t-il averti, estimant que "M. Salvini et ses idées souverainistes pourraient entraîner le pays hors de l'Europe".
Son successeur à la tête de l'Italie, Matteo Renzi (février 2014-décembre 2016), toujours l'un des dirigeants de leur formation, le Parti démocrate (PD, centre gauche) a fait "une proposition concrète" pour éviter de "livrer, à la droite extrémiste, l'avenir de nos enfants".
Que tous les élus, y compris de la Ligue, soutiennent un "gouvernement institutionnel" qui pourrait être un "Conte bis" formé par le M5S - fort de sa majorité relative dans les deux chambres - appuyé de l'extérieur par d'autres partis dont le PD.
Piqué au vif, M. Salvini a fustigé "des magouilles" et "des manoeuvres de palais". "On me traite de dictateur mais un dictateur ne demande pas de voter", a lancé M. Salvini, depuis la Sicile, estimant que "ce sont ceux qui ne veulent pas voter qui n'aiment pas la démocratie".
Pour précipiter la chute du gouvernement Conte, le ministre de l'Intérieur s'est dit prêt dimanche soir à une démission des sept ministres de la Ligue. Un moyen de couper l'herbe sous le pied du camp hostile à un scrutin et d'éviter un échec potentiel de la motion de censure de la Ligue, forte de seulement 58 sénateurs sur 319.
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