Le bilan de 40 morts et 260 blessés, dont de nombreux civils, a été annoncé par l'ONU qui s'est inquiétée d'une aggravation de la crise humanitaire au Yémen.
"Il est douloureux de constater que pendant l'Aïd al-Adha, les familles pleurent la mort de leurs proches au lieu de célébrer (cette fête) dans la paix et l'harmonie", a déclaré Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU.
Des combats entre séparatistes réclamant l'indépendance du sud Yémen et unités gouvernementales, soutenues par l'Arabie saoudite, ont éclaté mercredi dans la grande ville portuaire d'Aden.
Ils sont venus s'ajouter à la guerre principale qui oppose depuis près de cinq ans les rebelles chiites Houthis au gouvernement du Yémen, soutenu par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite.
Dimanche, cette coalition a mené une frappe contre des séparatistes qui s'étaient emparés la veille du palais présidentiel à Aden et de trois casernes, leur intimant de s'en retirer.
Le gouvernement du Yémen a qualifié de "coup d'Etat" l'action des séparatistes du sud qui luttaient pourtant aux côtés de la coalition antirebelles.
Le roi saoudien s'implique
Même si le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi vit à Ryad, la prise du palais présidentiel n'en demeure pas moins symbolique, Aden étant la capitale provisoire depuis que les Houthis, des rebelles issus du Nord, se sont emparés de vastes portions du territoire, dont la capitale Sanaa, il y a près de cinq ans.
La situation au Yémen a été au centre d'un entretien dimanche à La Mecque entre le roi saoudien Salmane et le président Hadi, a annoncé l'agence officielle saoudienne SPA.
La rencontre s'est déroulée en présence du ministre saoudien de l'Intérieur et du chef des renseignements.
"Selon des informations préliminaires, 40 personnes ont été tuées et 260 blessées depuis le 8 août" à Aden, dont de nombreux civils, a précisé la coordinatrice de l'ONU.
Médecins sans frontières a indiqué avoir admis 119 blessés en 24 heures dans un de ses hôpitaux.
Les organisations humanitaires continuent de fonctionner à Aden où 1,9 million de personnes reçoivent une aide alimentaire chaque mois, a indiqué Mme Grande, appelant les belligérants à "tout faire pour protéger les civils".
Crise latente
Le port d'Aden est l'une des principales portes d'entrée des marchandises commerciales et humanitaires au Yémen, a rappelé l'ONU.
En raison de la guerre qui fait rage entre les Houthis et le camp antirebelles, le Yémen connaît déjà la pire crise humanitaire au monde. Près de 80% de la population totale, soit 24,1 millions de personnes, ont besoin d'assistance, selon les Nations unies.
Selon des habitants, la situation était toutefois calme dimanche à Aden, premier jour de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha. Les rues se sont animées à mesure que l'heure avançait et de nombreux habitants sont sortis en famille, selon un correspondant de l'AFP.
Il y avait cependant dans certains quartiers des bâtiments et des véhicules calcinés.
Les circonstances du déclenchement des hostilités entre séparatistes et unités gouvernementales restent floues, mais des responsables séparatistes ont accusé le parti islamiste Al-Islah d'avoir tué un de leurs commandants.
Et selon eux, Al-Islah a infiltré le gouvernement Hadi, tenu à bout de bras politiquement et financièrement par l'Arabie saoudite.
Le vice-ministre saoudien de la Défense, Khaled ben Salmane, l'un des fils du roi, a réaffirmé le soutien de Ryad au "gouvernement légitime du Yémen" et a souligné la nécessité de "préserver l'unité et la stabilité" du pays.
Le Yémen du Sud était un Etat indépendant jusqu'en 1990. Dans le sud, existe toujours un fort ressentiment contre les Yéménites originaires du Nord, accusés d'avoir imposé par la force l'unification du pays.
"Pas sous la menace"
Les affrontements meurtriers à Aden ont mis à nu des divisions entre les deux piliers de la coalition soutenant le gouvernement yéménite: l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Le ministère yéménite des Affaires étrangères a accusé les Emirats d'être "responsables du coup d'Etat" à Aden. Les Emirats ont formé la force "Cordon de sécurité", liée aux séparatistes et directement impliquée dans la prise des casernes et du palais présidentiel.
La coalition a quant à elle appelé à une "réunion d'urgence" des parties en conflit en Arabie saoudite.
Dimanche, le Conseil de transition du sud (STC, séparatistes) a indiqué être disposé au dialogue, mais pas "sous la menace", a souligné son vice-président Hani ben Breik.
Ce n'est pas la première fois que les séparatistes du Sud s'opposent aux unités loyales au président Hadi. En janvier 2018, des combats entre eux avaient fait au moins 38 morts.
Le Yémen est à présent confronté au risque d'une "guerre civile dans la guerre civile", a estimé le centre de réflexion sur les conflits International Crisis Group (ICG).
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