C'est une défaite historique. En dominant largement la Nouvelle-Zélande par 47 à 26, leur plus large victoire face aux Blacks, les Australiens ont envoyé un message à la planète rugby: "Non, les All Blacks ne sont pas invincibles."
Alors, certes, les doubles champions du monde en titre ont joué toute la seconde période à quatorze après l'exclusion de Scott Barrett (40e) pour un coup sur Michael Hooper. Mais le carton rouge du deuxième ligne n'explique pas tout.
La belle machine néo-zélandaise a tout à coup semblé rouillée. Avec près de 40 placages manqués, la défense des Blacks s'est en effet révélée inhabituellement poreuse tandis que la paire de centres Anton Lienert-Brown et Jack Goodhue, remplacé après 17 minutes par Ngani Laumapé, a tout simplement sombré.
Et l'ouvreur Richie Mo'unga, qui a envoyé à l'arrière Beauden Barrett (meilleur joueur du monde 2016 et 2017), est apparu bien passif, incapable d'inverser la tendance. Inquiétant, d'autant que les fautes de main et autres approximations se sont multipliées.
Le flou Hansen
Même l'époustouflant Rieko Ioane, malgré un essai, a évolué un ton en dessous, ratant quatre de ses sept placages.
Hansen avait beau expliquer, il y a quelques semaines, qu'"il fallait savoir prendre des risques", après la déculottée de Perth, le patron des Blacks a été contraint à sortir les rames, refusant "d'appuyer sur le bouton rouge de la panique".
"Je sais que, au tableau d'affichage, la différence est impressionnante: ce n'est pas souvent que quelqu'un marque autant de points contre nous. Mais, on est à 16-12 à la mi-temps, on est encore dans le match et là, Scotty (Barrett) est expulsé", a-t-il tenté d'expliquer.
"C'est donc un match entièrement différent après et je ne pense pas qu'il faille trop se morfondre sur notre défense. Il faut regarder les efforts faits et il y en a eu beaucoup. On a juste joué contre une équipe qui était douée pour trouver les espaces", a-t-il tempéré.
Reste que, en Nouvelle-Zélande, cette contre-performance inquiète. Simple rappel à l'ordre ou bien le mal est-il plus profond?
Les résultats récents (victoire laborieuse 20-16 en Argentine, nul contre l'Afrique du Sud 16-16) ne sont pas fait pour rassurer les supporters: "Si vous regardez l'histoire, nous sommes toujours un peu rouillés au mois de juin. Nous avons dit que le Rugby Championship n'était pas notre priorité. Contrairement à la Coupe du monde", avait nuancé Hansen avant le match de samedi.
Ciel noir pour les All Blacks
La presse, elle, n'est pas clémente. Peu habituée à la défaite, la première de 2019, Radio New Zealand avait même titré "Les All Blacks battent les Wallabies" sur son site internet avant de rectifier.
Pour les autres médias, ce fut un festival: "Les All Blacks détruits", "Raclée à la Bledisloe", "Les Wallabies choquent les All Blacks", "Hansen ridiculisé"...
"L'aura intimidante qui les a si bien servis est tombée dans un bruit sourd et tout-puissant", écrit d'ailleurs le New Zealand Herald. "Le facteur peur a largement disparu."
Les All Blacks ont donc abandonné le "Four Nations" pour seulement la deuxième fois depuis 2012 (Australie 2015). Ils pourrait également perdre la première place du classement mondial, qu'ils détiennent depuis près de dix ans, si le pays de Galles ne perd pas contre l'Angleterre, ce dimanche.
Leurs supporters les plus superstitieux peuvent cependant se raccrocher à une statistique: les deux seules fois de la décennie où les All Blacks n'ont pas remporté le Rugby Championship, ils ont conquis le titre planétaire dans la foulée.
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