En villégiature au Fort de Brégançon, à une soixantaine de kilomètres de Signes, le président de la République n'a pas fait le déplacement et était représenté par la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault.
La République, "orpheline d'un de ceux qui se battaient pour elle et qui l'aimaient", selon le message présidentiel lu par la ministre, était également représentée par le président (LR) du Sénat Gérard Larcher et l'une des vice-présidentes de l'Assemblée nationale, Carole Bureau-Bonnard (LREM).
"Je veillerai personnellement à ce que face aux incivilités et à la désagrégation chez certains du sens de l'État et de la nation, la réponse soit toujours ferme, exemplaire et sans complaisance. Nous le devons à M. Michel et à tous les élus de France", a lu Mme Gourault.
Le décès de Jean-Mathieu Michel, 76 ans, décrit par ses administrés comme attachant et dévoué corps et âme à son village de 2.800 habitants, a ravivé le sentiment d'abandon de nombre d'élus locaux, seuls en première ligne.
Après avoir signifié à un contrevenant qui déposait illégalement des gravats dans la nature qu'il allait être verbalisé, l'élu avait été renversé par ce dernier, accidentellement selon les premiers éléments de l'enquête. Le conducteur de la camionnette, un maçon de 23 ans, a été mis en examen pour "homicide involontaire" et placé sous contrôle judiciaire.
M. Michel "est mort dans l'exercice de ses fonctions, parce que comme des dizaines de milliers de maires, son choix était la République, la chose commune, la vie de la cité", a souligné le chef de l'Etat, dont les relations avec les élus locaux sont parfois tendues.
Message entendu par le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a souligné, en marge de la cérémonie, que "le temps (était) à la solidarité et au recueillement. Viendra le temps où il faudra tirer les conséquences" du drame. En ligne de mire, un possible renforcement du pouvoir des maires dans un texte examiné à l'automne.
"Sentiment d'être très seuls"
"Il y a beaucoup de maires qui ont le sentiment parfois d'être très seuls" face à des procédures d'urbanisme ou environnementales classées sans suite, ou des décisions de justice non exécutées, a ajouté le représentant des territoires.
Concernant l'absence de M. Macron, "qui aurait bien fait de venir" selon des propos tenus par son camarade de parti Roger Karoutchi, M. Larcher a estimé que le président était dûment représenté par sa ministre et avait envoyé "un message fort".
Pour le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, qui représentait aux obsèques, en tant que vice-président, l'association des maires de France (AMF), le soutien aux maires ne passera pas par de nouveaux textes ou de nouveaux statuts, mais par "l'application des lois existantes" contre les incivilités: "Il y a un travail profond à faire pour refaire communauté".
Localement, l'heure était toujours au recueillement. Proches, commerçants, sapeurs-pompiers ou encore anciens combattants, plusieurs centaines de personnes ont participé aux obsèques. A l'ombre des platanes, le cercueil a circulé dans les rues, au son d'une fanfare locale.
Maire depuis 1983, celui que la plupart appelaient "Jeannot" est "mort pour avoir voulu faire appliquer la loi, pour avoir voulu défendre son territoire, pour avoir voulu faire respecter une nature trop souvent maltraitée", a déclaré lors de la cérémonie Alain Reichardt, premier adjoint.
"Un maire mort dans l'exercice de ses fonctions. Jamais on ne devrait voir cela", a-t-il martelé. Des mots qui ont résonné chez les dizaines d'élus locaux et ruraux qui avaient fait le déplacement.
"Les élus se sentent attaqués, ils font bloc", a souligné auprès de l'AFP Jean-Pierre Véran, maire de Cotignac et président de l'association des maires du Var. "La famille républicaine est rassemblée (...) La seule réponse c'est l'unité", a ajouté André Guiol, maire de Néoules et président des maires ruraux du département.
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