Le débat persiste sur ce qui aurait pu être fait pour empêcher les deux tueries, perpétrées à 13 heures d'intervalle à El Paso, au Texas, et Dayton, dans l'Ohio, par deux jeunes hommes armés de fusils d'assaut qui ont fait 31 morts.
Inquiète, la mère du tireur d'El Paso avait, selon les médias, prévenu la police que ce jeune Blanc aux motivations racistes possédait un fusil d'assaut des semaines avant qu'il n'abatte 22 personnes, en majorité hispaniques.
Un agent lui avait répondu que son fils étant majeur, la situation n'avait rien d'illégale.
A Dayton, dans l'Ohio, les motivations de l'assaillant, dont la soeur figure parmi les neuf victimes tuées en 30 secondes, restent incertaines.
Lors d'une visite millimétrée, Donald Trump s'est rendu mercredi dans ces deux villes endeuillées.
La Maison Blanche a invoqué le respect pour les victimes et leurs familles pour justifier la distance imposée aux caméras.
Mais le président républicain a plus tard tweeté des images de ses visites montrant des couloirs d'hôpitaux où se pressait un personnel souriant, les vidéos étant accompagnées d'une musique dramatique au pur goût hollywoodien.
Ses opposants démocrates, les médias... le milliardaire a ponctué cette journée de tweets dédaigneux et accusateurs contre ses détracteurs, affirmant avoir été reçu dans "l'amour, le respect et l'enthousiasme".
Chez les manifestants anti-Trump à El Paso, on a rappelé ses propos incendiaires sur l'immigration clandestine hispanique, qu'il a qualifiée d'"invasion". Un terme repris dans un manifeste du tireur d'El Paso publié en ligne avait son massacre.
Parmi eux, Marisabel Hernandez, une citoyenne américaine, n'a pas trouvé "sincère" la visite du président républicain. "Il ne nous écoute pas, il n'est pas là pour nous", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Le responsable de la communication en ligne de Donald Trump, Dan Scavino, a lui affirmé qu'il avait été reçu comme une "rock star".
"Reçu comme une rock star? Des Américains ont été massacrés. Et vous manipulez une visite présidentielle pour en faire une démonstration d'orgueil", s'est indigné un influent responsable démocrate du Congrès, Hakeem Jeffries.
- Blocage au Congrès -
Malgré la douleur et l'indignation provoquées par ces fusillades, républicains et démocrates semblent encore loin de parvenir à un accord pour mieux réguler l'accès aux armes à feu, responsables de près de 40.000 morts aux Etats-Unis en 2018 (en incluant les suicides).
En pleines vacances parlementaires, plus de 200 maires, républicains et démocrates --dont ceux d'El Paso et de Dayton-- ont demandé que le Sénat, à majorité républicaine, se réunisse en urgence pour voter sur deux mesures déjà approuvées en février par la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates.
Ces textes prévoient d'étendre les contrôles des antécédents des acheteurs à l'ensemble des transactions, y compris aux ventes d'arme entre particuliers ou lors de "foires" aux armes, et d'allonger à dix jours la durée entre ce contrôle et la livraison des armes.
Ils n'ont jamais été inscrits à l'ordre du jour du Sénat par le chef de la majorité, Mitch McConnell, habile stratège qui contrôle d'une main de fer l'agenda parlementaire.
Les parlementaires républicains, dont la plupart sont proches du puissant lobby des armes NRA, sont en effet largement opposés à toute loi entravant, selon eux, le droit constitutionnel des Américains à porter une arme.
Après plusieurs allers-retours sur le sujet, Donald Trump a fait savoir mercredi qu'il était favorable à une disposition qui permettrait de confisquer les armes de personnes souffrant de troubles mentaux.
Mais, a-t-il souligné, il n'y a "pas d'appétit politique" à Washington pour des législations plus musclées, comme celles adoptées par la Chambre, ou l'interdiction des fusils d'assaut.
Selon le Washington Post, le chef controversé de la NRA Wayne LaPierre s'est entretenu directement avec Donald Trump en début de semaine pour lui rappeler que sa base de supporteurs n'apprécierait pas le passage de mesures plus strictes sur la vérification des antécédents.
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