"Nous savons que le Cachemire bout, il va exploser violemment mais nous ne savons pas quand. Je ne sais pas comment le confinement peut être levé sans voir des manifestations violentes", a déclaré à l'AFP un responsable sécuritaire dans la vallée de Srinagar.
Après des préparatifs dans le plus grand secret, le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi a révoqué lundi l'autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire (nord) et fait voter sa dislocation par le Parlement indien, au risque d'embraser cette région en proie à une insurrection séparatiste depuis trente ans.
La région himalayenne, que le Pakistan revendique également, est sous une chape de plomb depuis dimanche soir et totalement coupée du monde, tous les moyens de communication étant bloqués. Malgré le lourd déploiement sécuritaire et des interdictions de déplacement et rassemblement, des habitants de la grande ville de Srinagar ont fait état de manifestations sporadiques.
Un responsable de la police s'exprimant sous condition d'anonymat a déclaré à l'AFP qu'un jeune protestataire poursuivi par la police "a sauté dans la rivière Jhelum et est mort". Les faits sont survenus mardi dans la vieille ville de Srinagar, un bastion de la contestation contre l'Inde que de nombreux habitants du Cachemire, zone à majorité musulmane, perçoivent comme une force d'occupation.
Des manifestations sur place ont fait au moins six blessés, selon des informations fragmentaires obtenues par l'AFP. Un hôpital de la ville de Srinagar a reçu six personnes présentant des blessures par balles ou d'armes non létales, a indiqué un responsable médical de l'établissement.
Les autorités indiennes assurent que la situation est calme dans cette région montagneuse, pomme de discorde du sous-continent indien depuis sept décennies.
"En cage"
Un silence irréel plane sur Srinagar ces derniers jours, les rues désertes présentant l'aspect d'une ville fantôme. Toutes les boutiques sont fermées. Des soldats armés tiennent des barrages de barbelés. Seuls les pigeons et les chiens errants se déplacent librement.
Les journalistes sur place sont contraints de rester à l'intérieur du quartier où ils se trouvent, les autorités ne donnant pas de laissez-passer pour franchir les nombreux barrages militaires. "Ce blocage est vraiment sans précédent", a témoigné un photographe couvrant la région depuis plus de 30 ans et qui n'a pas souhaité être nommé.
Des riverains et jeunes à scooter tournaient en rond dans leur rue pour tuer l'ennui. "Pendant des jours, (les autorités) nous ont menti en faisant état de menaces terroristes mais le point positif est que tout le monde avait fait des stocks de denrées essentielles avant que nous ne soyons mis en cage", a déclaré à l'AFP un promeneur.
En raison du black-out et des restrictions, il était presque impossible d'avoir une vision d'ensemble de la situation à travers le Cachemire.
"Nous n'arrivons pas à rassembler suffisamment de détails de la plupart des zones de la vallée du Cachemire", a indiqué le responsable sécuritaire, ajoutant que les téléphones satellitaires donnés à près de 300 responsables de l'administration et de la police fonctionnaient à peine. "C'est comme si une calamité naturelle invisible nous avait frappés."
Selon un autre responsable sécuritaire, presque tous les responsables politiques de partis cachemiris, aussi bien séparatistes que pro-Inde, sont en détention.
Le Pakistan veut porter la question du Cachemire devant les instances internationales, a annoncé mardi son Premier ministre Imran Khan, se disant prêt à aller devant le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale.
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