Au lendemain d'une journée de chaos dans la métropole du sud de la Chine, marquée par une grève générale et des perturbations dans les transports, le pouvoir pékinois a haussé le ton dans l'espoir de convaincre les manifestants pro-démocratie de rentrer chez eux.
"Ne sous-estimez jamais la ferme détermination et la puissance immense du gouvernement central", a lancé lors d'une conférence de presse le porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, Yang Guang, qui a une nouvelle fois accusé une poignée de militants d'être à l'origine de l'agitation, avec l'appui de forces étrangères non précisées.
"Cela doit être très clair pour le tout petit groupe de criminels violents et sans scrupules et les forces répugnantes qui se cachent derrière eux: ceux qui jouent avec le feu périront par le feu", a martelé M. Yang. "En fin de compte, ils seront châtiés".
Cet avertissement est le plus fort lancé par Pékin depuis le début de la contestation, début juin, provoquée par un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers le reste de la Chine.
Ce projet a été retiré mais les manifestations se poursuivent et prennent un tour de plus en plus violent, les contestataires réclamant l'enterrement définitif du projet de loi et la tête de la dirigeante de l'exécutif local, Carrie Lam.
M. Yang a réaffirmé le soutien de Pékin à Mme Lam et à la police de Hong Kong dans sa répression des manifestations. Le régime chinois, qui ne tolère pas la contestation en Chine continentale, s'est pour l'heure refusé à intervenir sur place, laissant les forces de l'ordre hongkongaises gérer la situation.
Sept manifestations
La semaine dernière, l'armée chinoise a cependant diffusé une vidéo menaçante montrant ses soldats occupés à réprimer une émeute dans la métropole revenue à la Chine en 1997.
Aux termes de l'accord de rétrocession signé avec Londres en 1984, l'ancienne colonie britannique continue à jouir de libertés inconnues sur le continent. Mais les manifestants disent redouter une érosion de ces libertés face à l'influence croissante du pouvoir chinois dans la cité de 7 millions d'habitants.
L'armée chinoise, qui dispose d'une garnison de plusieurs milliers d'hommes à Hong Kong, n'est pas censée se mêler des affaires du territoire. Mais le commandant de la garnison a rappelé la semaine dernière que la loi l'autorisait à intervenir pour rétablir l'ordre, sur demande des autorités locales.
Une telle intervention raviverait le spectre la répression des manifestations du "Printemps de Pékin", qui ont fait des centaines, voire plus d'un millier de morts en 1989 dans la capitale chinoise.
Elle pourrait aussi provoquer une catastrophe financière dans une des plus grandes places d'Asie.
Lundi après-midi, alors qu'un appel à la grève générale avait été lancé, sept manifestations simultanées ont eu lieu, constituant un défi pour des forces de l'ordre, qui soumises à rude épreuve depuis deux mois, concentrent l'ire des manifestants. Des gaz lacrymogènes ont encore été utilisés dans au moins quatre endroits différents, notamment près du parlement local.
Après des échauffourées tout le week-end, des protestataires étaient descendus lundi matin à l'heure de pointe dans plusieurs stations clés du réseau pour bloquer les portes des métros et empêcher les trains de partir.
Les autorités ont annoncé avoir tiré plus d'un millier de grenades lacrymogènes et 160 balles en caoutchouc depuis le début de la contestation le 9 juin, et précisé que 420 personnes avaient été arrêtées et 139 policiers blessés jusqu'à présent.
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