"La République islamique d'Iran est en faveur de négociations et, si les Etats-Unis veulent vraiment discuter, avant toute chose ils doivent lever l'ensemble des sanctions", a déclaré Hassan Rohani à la télévision, sans préciser sur quoi porteraient ces négociations.
Après s'être retiré en mai 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, Washington a rétabli une série de lourdes sanctions économiques contre Téhéran, accusé de déstabiliser la région.
Depuis lors, les tensions n'ont cessé d'augmenter entre les deux pays ennemis.
L'Iran s'est affranchi début juillet de certains engagements pris dans le cadre de l'accord et menace de poursuivre son désengagement graduel du pacte si les autres Etats parties (Royaume-Uni, Allemagne, France, Chine, Russie) ne l'aident pas à contourner les sanctions américaines, qui asphyxient son économie.
Mardi, le président iranien a affirmé que Téhéran était disposé à discuter, que les Etats-Unis soient ou non partie prenante à l'accord.
"Qu'ils veuillent intégrer ou non le JCPOA (sigle désignant l'accord, ndlr), c'est à eux de décider", a déclaré M. Rohani.
"S'ils veulent des discussions, ils doivent en préparer le chemin. Le chemin qui y mène passe par la repentance. Il n'y a pas d'autres voies", a encore affirmé M. Rohani, estimant que "la paix avec l'Iran est la mère de toutes les paix" et "la guerre avec l'Iran, la mère de toutes les guerres".
Impasse
Le président s'exprimait depuis le ministère des Affaires étrangères à Téhéran, où il a rencontré le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif.
M. Zarif a confirmé lundi des informations selon lesquelles il avait refusé une invitation à rencontrer le président Trump, malgré des menaces de sanctions à son encontre.
Deux jours auparavant, le magazine américain The New Yorker avait rapporté que le sénateur américain Rand Paul avait joué, avec la bénédiction de M. Trump, le rôle d'intermédiaire auprès de M. Zarif pour l'inviter à la Maison Blanche.
Lors de leur entretien mi-juillet à New York, le sénateur aurait proposé à M. Zarif de venir présenter ses idées pour mettre fin à l'impasse sur le nucléaire à Donald Trump en personne, selon le magazine. La Maison Blanche n'avait pas commenté ces informations.
"On m'a dit à New York que je serai la cible de sanctions dans deux semaines si je n'accepte pas cette offre qu'heureusement je n'ai pas acceptée", a dit vendredi M. Zarif.
Les sanctions contre M. Zarif, nouvelle étape dans la campagne américaine de "pression maximale" sur Téhéran, interviennent après celles ciblant en juin le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur dans les dossiers sensibles en Iran.
Contreparties
Depuis mai, la pression est encore montée entre Washington et Téhéran après des sabotages et attaques de navires dans le Golfe --imputées par les Etats-Unis à l'Iran, qui dément-- et la destruction d'un drone américain par l'Iran.
La destruction de ce drone, entré dans l'espace aérien iranien selon Téhéran, avait fait craindre un embrasement général. Donald Trump, qui a envoyé des soldats supplémentaires dans la région, avait affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles contre l'Iran.
"Si vous voulez la sécurité, si vos soldats veulent la sécurité dans la région, (alors acceptez) la sécurité en échange de la sécurité", a dit M. Rohani mardi. "Vous ne pouvez pas nuire à notre sécurité et ensuite vous attendre à ce que votre propre sécurité" soit préservée, a-t-il ajouté.
"La paix en échange de la paix, le pétrole en échange du pétrole", a poursuivi le président iranien, alors que les exportations de brut du pays ont plongé après le rétablissement des sanctions américaines.
Dans ce contexte de vive animosité, la saisie par l'Iran de trois pétroliers étrangers dans le Golfe en moins d'un mois a encore exacerbé les tensions.
Le deuxième arraisonnement, d'un navire suédois battant pavillon britannique, a eu lieu 15 jours après la saisie le 4 juillet du tanker iranien Grace 1 par les autorités britanniques au large de Gibraltar.
Le Grace 1 a été intercepté car il violait selon Londres les sanctions européennes en se dirigeant avec du pétrole vers la Syrie en guerre, ce que Téhéran dément.
"Il est impossible que le détroit d'Ormuz soit libre pour vous et que le détroit de Gibraltar ne le soit pas pour nous", a affirmé M. Rohani. "Un détroit en échange d'un détroit", a-t-il résumé.
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