Signe des bouleversements politiques profonds à l'oeuvre, ce nouveau "Conseil souverain" où les civils auront la majorité, sera mis en place au lendemain du début du procès pour corruption du président Omar el-Béchir, destitué et arrêté par l'armée le 11 avril sous la pression de la rue.
Dimanche, les généraux au pouvoir depuis cette destitution et les chefs de la contestation ont paraphé à Khartoum une déclaration constitutionnelle qui avec une déclaration politique conclue et signée auparavant forment l'accord global sur un pouvoir civil, qui lui sera formellement signé le 17 août.
"Les membres du Conseil souverain seront désignés le 18 août, le Premier ministre le 20 août et les membres du gouvernement le 28 août", a déclaré à l'AFP un des meneurs de la contestation Monzer Abou al-Maali en marge de la cérémonie.
"Notre gouvernement est civil", "Révolution, révolution", ont chanté des dizaines de Soudanais rassemblés à l'extérieur du bâtiment où a eu lieu la cérémonie pour parapher cet accord accueilli aussi par un concert de klaxons.
"Page tournée"
"Nous avons tourné une page de l'Histoire du Soudan en paraphant cet accord", a déclaré Mohammed Hamdan Daglo, le numéro deux du Conseil militaire au pouvoir depuis la mise à l'écart de M. Béchir, et chef des redoutés paramilitaires des Forces de réaction rapide (RSF).
L'accord global soudanais a été obtenu après de longues et difficiles négociations entre les deux parties.
Le mouvement de protestation était né le 19 décembre quand des milliers de Soudanais étaient descendus dans les rues pour protester contre le triplement du prix du pain. Les manifestations s'étaient rapidement transformées en contestation du pouvoir d'Omar el-Béchir.
Elles ont continué après le départ de ce dernier, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la protestation, réclamant l'instauration d'un pouvoir civil aux militaires ayant pris le pouvoir.
Plus de 250 personnes sont mortes lors de la répression des manifestations, dont au moins 127 lors de la dispersion le 3 juin d'un sit-in devant le siège de l'armée à Khartoum, selon un comité de médecins proche des protestataires.
Pilier du régime Béchir, avant de contribuer à sa chute, les RSF de M. Daglo ont été accusées d'être impliquées dans la répression du sit-in, ce que leur chef nie.
"Objectif paix"
Le Conseil souverain, obtenu de haute lutte, sera composé de cinq militaires et de six civils, et devra mener, avec un Parlement et un gouvernement, la transition pendant un peu plus de trois ans.
L'objectif de la transition dans ce pays meurtri par de nombreux conflits et dont l'économie est exsangue est "de parvenir à une paix permanente et globale avec les groupes armés tout en mettant fin à la marginalisation" d'une partie de la population, a souligné le médiateur éthiopien Mahmoud Drir après la cérémonie de signature.
Du Darfour (ouest) au Kordofan-Sud et au Nil-Bleu, des conflits internes ont opposé des groupes rebelles ethniques s'estimant marginalisés à des forces loyales au pouvoir, faisant des centaines de milliers de morts.
La déclaration constitutionnelle adoptée par les militaires et la contestation inclut les groupes rebelles, a rappelé un des négociateurs pour le mouvement de contestation, Satea al-Haj.
"Cet accord est une étape importante pour la réalisation de la paix et de la stabilité", a estimé l'Egypte en le saluant, tout comme l'Arabie saoudite.
"Cette phase permettra au Soudan de sortir de la liste des sponsors du terrorisme", sur laquelle il a été placé par les Etats-Unis en 1993, a également espéré le médiateur éthiopien. Le pays y avait été placé pour avoir abrité un temps l'ex-leader du réseau jihadiste d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.
L'Union africaine "suivra la mise en place de ces accords", a souligné le médiateur mauritanien de l'UA, Mohammed El Hacen Lebatt.
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