Devant la presse, le préfet de Loire-Atlantique a dit posséder des "informations concordantes sur la volonté d'un certain nombre de groupes d'activistes d'en découdre avec les forces de police". Aussi, l'interdiction concerne une grande partie du centre-ville de 10h à 20H samedi alors que deux projets de rassemblement à 11h00 et à 13h00 ont été lancés sur les réseaux sociaux.
Au-delà de l'aspect sécuritaire, le préfet Claude d'Harcourt refuse que "des individus volent à la collectivité le moment d'émotion qui est souhaité par tous les amis de Steve".
Aussi, Me Cécile de Oliveira, l'avocate de la famille de Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans disparu lors de la fête de la musique le 21 juin et dont le corps a été retrouvé lundi dans la Loire, a indiqué que la famille "ne soutenait pas du tout" le rassemblement samedi, comme plusieurs proches.
Alexis Corbière, député LFI, s'est dit "gêné" par cette décision des autorités, estimant sur BFM que "beaucoup de gens ont envie de se rassembler pour faire entendre une volonté de justice".
Mais selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, "il n'y a pas d'interdiction des manifestations (…), évidemment demain il y a la possibilité d'organiser un rassemblement (…) mais cela est encadré pour éviter des débordements et des violences".
Le ministre est également revenu sur l'utilisation de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre, estimant qu'il y avait un "questionnement" sur leur usage. Lors de la nuit du 21 au 22 juin, à 04H00 du matin, une vingtaine de policiers s'étaient rendus sur le quai Wilson à Nantes pour faire respecter l'heure limite de diffusion de la musique. Des échauffourées avaient éclaté, des participants au sound-system ont raconté avoir été aveuglés par du gaz lacrymogène et certains avaient chuté dans la Loire.
Autre signe que le dossier Steve continuait à faire des remous, les deux juges d'instruction de Nantes ont demandé à être dessaisis.
l'IGPN critiquée
Quatre jours après la découverte du corps sur les bords de la Loire, l'émoi reste vif. La polémique sur l'intervention des forces de l'ordre ou sur le rapport de l'IGPN, la police des polices, accusée par certains de dédouaner les forces de l'ordre, se poursuit.
Ainsi, un participant à la soirée du 21 juin a affirmé avoir été écarté de l'enquête de l'IGPN. Selon lui, il n'aurait reçu aucun mail de la part de l'IGPN alors qu'il souhaitait apporter son témoignage, une version démentie par la police des polices. L'avocat du jeune homme, Me Pierre Huriet, s'est dit étonné que "dans une affaire aussi sensible", l'IGPN "se contente d'envoyer un mail".
L'avocat du père de Rémi Fraisse, un jeune militant écologiste tué en 2014 par une grenade lors d'affrontements à Sivens (Tarn), a lui tiré à boulets rouges sur la "police des polices", l'accusant d'agir "comme agence de communication politique". "L'IGPN conclut à chaque fois à l'absence de lien", pointe Me Arié Alimi. Il a déposé une demande pour autoriser la manifestation de Nantes, qui sera étudiée à 17H00 par le tribunal administratif de Nantes.
Dans un communiqué, la Ligue des droits de l'Homme dit "constater que l'IGPN est saisie de centaines de plaintes depuis de nombreux mois sans qu'il y ait de suite, ce qui démontre que cette institution rattachée au ministère de l'Intérieur n'est plus crédible".
En dehors de Nantes, les appels à manifester en mémoire de Steve se sont multipliés ces derniers jours dans tout le pays pour ce week-end: Caen, Le Havre, Montpellier, Paris samedi ou encore Tours et Rouen dimanche.
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