Avec son cinéma tourné au rayon farces et attrapes de la planète, pétri de géopolitique et prompt à broyer le cliché (raciste, antisémite et discriminatoire en général), l'acteur, producteur et scénariste emporte une nouvelle fois le rire du public sans craindre d'élever l'humour gras au rang des beaux-arts.
Dictateur et guide suprême de la République de Wadiya, quelque part dans les sables d'Afrique du Nord, le général Hafez Aladeen, qui dirige depuis l'âge de 6 ans son pays à coups d'exécutions sommaires, d'enlèvements, de tortures et de viols, a décidé de se doter de l'arme nucléaire.
Quand les Nations unies envisagent de déléguer sur place une mission d'observateurs, Aladeen, ses 118 doctorats et son "diplôme en UV de l'Université du Qatar" sous le bras, décide d'aller plaider sa cause directement à la tribune de l'ONU, à New York.
Morceau de bravoure directement inspiré de la dernière prestation du colonel Kadhafi devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2009 - plus de deux heures, accoudé à la tribune, perdant ses feuilles et le fil de son discours - cette équipée le précipite dans les bras d'une militante féministe écolo rebelle à l'épilation (Anna Faris, qui tient à faire savoir que les poils sont bien les siens).
Aladeen se retrouve employé dans sa coopérative bio à Brooklyn alors que son cousin (Ben Kingsley) a profité du voyage pour le remplacer à la tête de l'Etat par un de ses sosies les plus idiots.
Les images frappent d'autant plus fort que Sacha Baron Cohen a entamé l'écriture du Dictator (le titre reste en VO pour la sortie française) avant les premiers sursauts du Printemps arabe : "développer le projet et voir ces événements aux informations, c'était vraiment troublant", confie d'ailleurs le réalisateur Larry Charles dans le dossier de presse.
Comme à son habitude, l'acteur a placé son Aladeen dans différentes situations ancrées dans la réalité, face à des interlocuteurs ignorants de la farce, façon documentaire.
Mais à la différence des précédents films, celui-ci est davantage scénarisé parce qu'il y avait beaucoup à raconter et à imaginer, tout en encourageant au maximum les capacités d'improvisation des acteurs.
Histrion sans limites et sans frontières, Sacha Baron Cohen avait profité du Festival de Cannes pour s'exhiber à dromadaire sur la Croisette et saluer "le courageux manque d'action des Nations Unies contre Assad", le président syrien.
Evidemment, cette forme d'humour ne plaît pas partout : le Tadjikistan - petite république d'Asie centrale dirigée de main de fer par le président Emomali Rakhmon depuis 1992 - a déjà prévenu le mois dernier que The Dictator ne serait pas diffusé sur son territoire et plusieurs pays ont suivi depuis, notamment dans la région.
Pourtant, le Kazakhstan qui avait commencé en 2006 par interdire Borat, film qui dépeignait ce pays d'Asie centrale comme arriéré et barbare, a fini six ans plus tard par remercier Sacha Baron Cohen en reconnaissant sa contribution au développement du tourisme dans cette ancienne république soviétique.
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